Tabagisme

Mois sans tabac : pourquoi les femmes ont plus de mal à arrêter que les hommes

Les femmes sont exposées à plus de difficultés lorsqu'elles arrêtent de fumer, pour des raisons hormonales et psychologiques. 

  • Phira Phonruewiangphing/ISTOCK
  • 13 Novembre 2025
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    La dixième édition du Mois sans tabac a commencé le 1er novembre dernier. Jusqu'à la fin du mois, les fumeurs et fumeuses sont incités à arrêter, aidés par différentes mesures mises en place par le Ministère de la santé. Le sevrage peut être plus ou moins difficile selon les individus, leur niveau de dépendance et leur situation. Mais selon plusieurs recherches scientifiques, le genre aurait aussi une influence sur la facilité à arrêter. 

    Arrêt du tabac : des freins hormonaux pour les femmes 

    "Des études montrent que les femmes ont une plus grande propension à développer une dépendance à la nicotine que les hommes et ont moins de chances de réussir à arrêter de fumer", révèle Sally Pauss, chercheuse à l’université du Kentucky aux États-Unis. Avec son équipe, elle a publié les résultats d’une étude sur les spécificités de la dépendance féminine à la nicotine en 2024. Les scientifiques ont découvert que l’œstrogène, une hormone sexuelle, entraîne l'expression des olfactomédines, des protéines. Celles-ci sont supprimées par la nicotine dans des zones clés du cerveau impliquées dans la récompense et la dépendance. "L'activation œstrogénique des olfactomédines - qui est supprimée lorsque la nicotine est présente - pourrait servir de boucle de rétroaction pour conduire les processus de dépendance à la nicotine en activant des zones du circuit de récompense du cerveau", développent-ils. 

    Quatre ans plus tôt, des chercheurs avaient déjà identifié des liens entre hormones féminines et dépendance à la nicotine. Les auteurs, des scientifiques de l’université de l’Illinois, avaient constaté que le tabagisme augmentait le risque de souffrir du syndrome pré-menstruel, un ensemble de symptômes qui apparaissent avant les règles. Dans le même temps, les effets "gratifiants" de la nicotine sur le cerveau augmentent les envies de fumer à cette période du cycle. En cas d’arrêt, le sevrage peut ainsi devenir plus difficile s’il a lieu avant les règles. 

    Cigarette : les mythes liés au poids chez les femmes 

    Dans Le Parisien, Marie-Pierre Revel, cheffe du service radiologie de l’hôpital Cochin à Paris, identifie un autre frein à l’arrêt : le poids. Les femmes seraient plus concernées par "l’obsession de vouloir garder la ligne", tout en souffrant d’une addiction plus forte. Pourtant, comme le rappelle le Comité national de lutte contre le tabagisme, cela repose sur plusieurs mythes. "De nombreuses personnes, entretenues dans cette croyance par l’industrie du tabac, pensent que fumer fait maigrir, rappelle le Comité sur son site. (…) Mais la minceur des fumeurs n’est qu’un phénomène transitoire. En effet, la consommation de tabac provoque une modification de l’équilibre hormonal qui entraîne une nouvelle répartition des graisses corporelles au niveau du ventre, ce qui correspond à une répartition typiquement masculine. Autrement dit, à terme, fumer favorise la prise de ventre."

    Selon une étude européenne réalisée en 2020, deux femmes sur dix fument en France. Si les données montrent que leur consommation de cigarettes est légèrement inférieure à celles des hommes, elles sont exposées aux mêmes risques. Les cas féminins de cancer du poumon sont en augmentation, et la maladie est devenue la première cause de décès par cancer chez les femmes.

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