Venin
Cancer de sein : une toxine de scorpion aussi efficace que la chimiothérapie ?
Des chercheurs brésiliens ont identifié une molécule dans le venin d’un scorpion originaire d’Amazonie capable de tuer les cellules du cancer du sein comme un médicament de chimiothérapie.

- Par Sophie Raffin
- Commenting
- BoraYetimoglu/istock
Si les venins peuvent être dangereux pour l'Homme, ils ont toujours intrigué les scientifiques, notamment en raison des propriétés des toxines présentes dans la substance. En étudiant plus précisément le venin d’un scorpion amazonien appelé Brotheas amazonicus, des chercheurs de l'École des sciences pharmaceutiques de Ribeirão Preto (FCFRP-USP) de l'Université de São Paulo au Brésil ont identifié une molécule qui agit contre les cellules cancéreuses du sein comme un médicament de chimiothérapie.
Leurs résultats préliminaires ont été présentés lors de la semaine FAPESP France qui s’est tenue à Toulouse du 10 au 12 juin 2025.
Venin de scorpion : une molécule aux propriétés antitumorales découverte
L’équipe, spécialisée dans l’étude et le clonage des molécules bioactives présentes dans les venins d’animaux (scorpion, serpent…), a découvert qu’une toxine baptisée BamazScplp1 qui est présente dans le venin du scorpion Brotheas amazonicus, avait des propriétés antitumorales.
Lorsque la molécule a été mise en contact avec des cellules mammaires malignes lors des tests en laboratoire, elle a affiché une réponse comparable à celle du paclitaxel, un médicament de chimiothérapie couramment utilisé pour traiter le cancer du sein. C’est-à-dire que BamazScplp1 entraîne la mort cellulaire de la tumeur, principalement par nécrose.
"Grâce à la bioprospection, nous avons pu identifier une molécule dans les espèces de ce scorpion amazonien qui est similaire à celle que l'on trouve dans les venins d'autres scorpions et qui agit contre les cellules du cancer du sein", précise Eliane Candiani Arantes, professeure au FCFRP-USP et coordinatrice du projet, à l'Agence FAPESP. Il s’agit de résultats préliminaires, nécessitant des études complémentaires et plus approfondies, mais ils restent très encourageants, selon les chercheurs.Une colle biologique également créée à partir de venin
D’ailleurs, les scientifiques FCFRP-USP précisent dans leur communiqué qu'ils sont déjà parvenus à mettre au point plusieurs traitements en s’appuyant sur des venins. Ils ont, par exemple, réussi à mettre au point une "colle biologique" fabriquée à partir de protéase à sérine extraite de venin de serpent (comme de Bothrops neuwiedi pauloensis et Crotalus durissus terrificus) et de cryoprécipité (riche en fibrinogène extrait du sang de buffle, de bovins ou de moutons). Les composants de ce produit breveté, appelé scellant à la fibrine, se combinent une fois appliquée. Ils forment un réseau de fibrine qui imite les processus naturels de coagulation. Le traitement qui fait actuellement l’objet d’essais cliniques en phase 3 permet de traiter les lésions osseuses et celles de la moelle épinière.