Additifs, colorants, calories vides : les dessous des produits ultra-transformés

Une équipe de chercheurs s’inquiète de l’omniprésence des aliments ultra-transformés, riches en additifs et pauvre en nutriments essentiels, et de leurs effets sur la santé.

Près des deux tiers du régime alimentaire américain – et au moins un tiers du régime français – seraient composés d'aliments ultra-transformés. Un constat qui inquiète la communauté scientifique, dont l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en France. "Nous créons des ingrédients si rapidement que nous n'avons pas le temps de les étudier", alerte Alyson Mitchell, chimiste alimentaire à l'Université de Californie à Davis, aux Etats-Unis, dans un récent article. Résultat, la technologie alimentaire avance plus vite que les recherches sur ses effets sur la santé... Que savons-nous réellement de ces denrées qui remplissent nos caddies ?

"Transformé" : un terme flou et source de confusion

Pour Charlotte Biltekoff, spécialiste en études alimentaires, "parfois, le terme 'transformé' est utilisé très généralement pour désigner une 'mauvaise' nourriture". D'autres fois, il décrit un simple processus industriel de fabrication, ce qui complique la compréhension du public. Pour clarifier la situation, la classification NOVA distingue quatre catégories, du produit brut aux formulations ultra-transformées, riches en additifs peu utilisés en cuisine domestique. Ce sont ces dernières qui inquiètent le plus.

Angela Zivkovic, nutritionniste à UC Davis, souligne que si les études liant les aliments ultra-transformés à l'obésité, aux maladies cardiovasculaires ou à certains cancers sont nombreuses, elles restent majoritairement observationnelles. "Nous ne pouvons pas affirmer que la maladie est causée par ces aliments", précise-t-elle.

Des recherches expérimentales montrent toutefois que ces produits favorisent une surconsommation calorique, indépendamment des apports en macronutriments. Sans compter qu’ils sont souvent denses en calories et pauvres en nutriments essentiels. "Vous consommez des calories sans obtenir ce dont votre corps a besoin", avertit Zivkovic.

Des additifs sous surveillance

Les colorants synthétiques, très présents dans ces produits, posent aussi question. Une étude menée en Californie a associé certains colorants à des problèmes neuro-comportementaux chez l'enfant. La chimiste Alyson Mitchell rappelle : "Seuls sept colorants alimentaires sont encore autorisés car nous savons qu'ils sont problématiques. Ils ne devraient pas être dans nos aliments." En Californie, certains additifs sont déjà bannis des écoles publiques. Et le débat ne fait que commencer : il ne s'agit pas seulement d'ingrédients, mais de notre conception même de ce qu'est un aliment.