Cancer colorectal
Comment les noix transforment le microbiote en bouclier anticancer
Manger des noix pourrait réduire l’inflammation et diminuer le risque de cancer colorectal grâce à une molécule produite par le microbiote intestinal, selon une étude.

- Par Stanislas Deve
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- Mykola Sosiukin / istock
Les noix peuvent-elles vraiment prévenir le cancer colorectal ? C'est une question que des chercheurs de l'Université du Connecticut (UConn), aux Etats-Unis, ont récemment explorée dans une étude clinique prometteuse. Publiée dans la revue Cancer Prevention Research, leur recherche met en lumière les effets anti-inflammatoires et potentiellement anticancéreux de la consommation de noix, grâce à une molécule métabolisée par notre microbiote intestinal : l'urolithine A.
Des composés actifs puissants
Les noix contiennent des ellagitanins, des polyphénols d'origine végétale qui, une fois digérés par le microbiote intestinal, sont transformés en urolithines. Parmi elles, l'urolithine A se distingue par ses propriétés anti-inflammatoires prononcées. "Les ellagitanins contenus dans la noix sont essentiels pour les propriétés anti-inflammatoires et anticancéreuses que nous observons chez les patients de notre étude clinique, en particulier grâce à la conversion de ces composés par l'intestin en un puissant agent anti-inflammatoire, l'urolithine A", résume le Dr Daniel W. Rosenberg, chercheur principal de l'étude, dans un communiqué.
Trente-neuf participants âgés de 40 à 65 ans, tous à risque élevé de cancer colorectal, ont suivi un protocole alimentaire strict à base de noix riches en ellagitanins. Résultat ? Une baisse significative des marqueurs inflammatoires dans le sang, l'urine et les selles, surtout chez les patients obèses ayant une forte capacité à produire de l'urolithine A. "L'urolithine A a une influence très positive sur l'inflammation et peut-être même sur la prévention du cancer", selon le Dr Rosenberg.
Des effets observables jusqu'au cœur des polypes
Des coloscopies réalisées en fin d'étude ont également permis d'observer que les tissus des polypes coliques des patients ayant produit le plus d'urolithine A présentaient des taux réduits de protéines associées à des stades avancés du cancer, comme la vimentine. Une technologie d'imagerie avancée a même confirmé ces réductions au niveau cellulaire.
Selon Daniel Rosenberg, "cette étude fournit une forte justification à l'inclusion alimentaire des ellagitanins de la noix pour la prévention du cancer". En somme, manger une poignée de noix par jour pourrait être un geste simple mais puissant pour protéger sa santé digestive et réduire les risques de cancer colorectal, un des cancers les plus fréquents en France, avec plus de 47.000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année.