J'ai testé pour vous

Isolation sensorielle : et si vous vous enfermiez dans une capsule d'eau salée ?

Flotter dans une capsule où l’eau est encore plus salée que celle de la mer morte et où l’on est privé de ses sens aide-t-il à se relaxer ? C'est l’isolation sensorielle et la rédaction de Pourquoi Docteur l’a testée pour vous.

  • Par Rafaël Andraud
  • Voilà à quoi ressemble un caisson d'isolation sensorielle
  • 29 Avr 2023
  • A A

    Pas de lumière, pas de bruit, ni de sensation de pesanteur ou de température… Vous voilà nu, dans une sorte de grosse baignoire avec un couvercle fermé, flottant dans 25 cm d’eau saturée en sel et réglée à la température corporelle, afin de s’isoler de tout stimuli extérieurs. Vous y resterez une heure. C’est le principe de l’isolation sensorielle, une technique de relaxation par la privation des sens, permettant au cerveau et au corps de lâcher prise pour se mettre dans une position de repos absolu.

    Quels sont les effets de l'isolation sensorielle et où trouver un centre ?

    Éternel anxieux mais d’un naturel curieux, je suis toujours en quête de nouvelles expériences pour parvenir à la relaxation. C’est ainsi que je suis tombé sur ce concept de centre de flottaison proposé par Les Bulles à Flotter à Paris, une ville où l’on est sollicité de partout. Le centre de Bastille (32 Bd de la Bastille) m'a davantage plu, notamment pour son cadre près du Bassin de l'Arsenal, mais celui de Rive gauche (43 Av. de Suffren) a l'avantage d'avoir un espace bien-être où on peut davantage prendre le temps de se maquiller, de se sécher les cheveux et de se recoiffer, sans déborder sur la séance du client suivant.

    À noter qu’en France, les centres de flottaison ne se concentrent pas qu’à Paris, Les Bulles à Flotter ont également des centres à Bordeaux, Lille, Strasbourg et Bruxelles, et il existe d’autres enseignes qui proposent le même concept, comme Meïso à Paris et Lyon, Bodyfloat (qui propose des cabines, plus hautes, plutôt que des cocons), le Zenarium près de Strasbourg ou encore Expérience-silence située à Grenoble.

    Le coût : 65 euros pour une première séance (70 pour le plein tarif), ou 49 euros si l’on est étudiant, demandeur d’emploi ou qu’on a pris un abonnement mensuel. La promesse ? De nombreux bienfaits pour le corps et l’esprit : baisse du stress, diminution de la fatigue, amélioration du bien-être mental, action positive sur le sommeil et l’insomnie, l'anxiété, la dépression, la fibromyalgie, augmentation de la créativité, des capacités de concentration et d’apprentissage, meilleure récupération pour les sportifs, réduction des tensions et de la fatigue musculaire, soulagement des douleurs musculaires et articulaires, meilleure guérison des muscles… En résumé, l’effet d’une semaine de vacances concentrée en une heure.

    Ces promesses se basent pour la plupart sur des études observationnelles (qui nécessitent donc encore d’être vérifiées), comme celles de la professeure suédoise Anette Kjellgren, mais pour les constater réellement, il vaut toujours mieux tester soi-même.

    "Si vous vous laissez aller, vous ne saurez pas dire si vous avez dormi ou non"

    Après une longue journée de travail et de RER, j’arrive pour ma séance. Dès l’entrée, l’hôte qui m’accueille se charge d’installer une ambiance apaisante. Elle me met entre les mains une tablette avec une vidéo me présentant le déroulement de la séance et le fonctionnement du cocon d’isolation. Plusieurs astuces sont conseillées pour profiter au mieux de son expérience, comme des exemples de positions à adopter pour bien flotter : les mains derrière la tête, les bras au-dessus des épaules ou simplement le long du corps.

    Elle me mène vers la pièce où se trouve la fameuse bulle mais, avant d’entrer, elle me prévient : “il est possible que vous ayez un moment d’inconfort, c’est votre cerveau qui lutte contre le lâcher prise, mais si vous parvenez à vous laisser aller, vous ne saurez pas dire si vous avez dormi ou non, car vous aurez traversé un état de subconscience”.

    Une fois la porte fermée, je me déshabille, car on ne flotte pas en maillot de bain pour pouvoir profiter au maximum de l’absence de sensation. À côté de la douche, le caisson d’isolation aux allures d'engin de science-fiction trône au milieu de la pièce. Le bassin, de 2m50 de long sur 1m70 de large, est illuminé de couleurs changeantes par des LED. L’eau qu’il contient, filtrée entièrement 4 fois entre chaque séance, est saturée en sel d'Epsom, du sulfate de magnésium, qui permet d'augmenter la densité de l’eau afin d’obtenir une eau 5 fois plus concentrée en sel que celle de la mer Morte, assurant que le corps flotte parfaitement sans le moindre effort. Ce sel est aussi réputé être un antiseptique et un anti-inflammatoire naturel, soulageant les douleurs musculaires et articulaires et apportant du magnésium au corps.

    Après la douche au Ph neutre, il est temps d’entrer dans le cocon : j’arrête les changements de couleur sur le bleu, pour correspondre à l’ambiance sonore de vagues sur la plage choisie avant la séance, et je commence à me relaxer. Au bout de quelques minutes, la lumière s'éteint, la musique s’arrête et me voilà seul avec moi-même, à respirer de la vapeur, sans plus aucune sollicitation, au point d’entendre les battements de mon cœur. Angoissant, me direz-vous ? Pas de panique, il est possible d’ouvrir la capsule à tout moment, de garder la lumière allumée si on le souhaite et il y a même un bouton d'alerte en cas de besoin.

    La sensation de revenir dans le liquide amniotique

    La première sensation marquante, et très agréable, est l’eau sirupeuse qui enveloppe le corps à la température parfaite et le repousse à la surface : une impression d’être allongé sur un nuage aqueux ou de revenir flotter, adulte cette fois, dans le liquide amniotique. Cela me permet de me détendre immédiatement. Les pensées fusent, divaguent et s’évanouissent. Mais au bout d’environ une dizaine de minutes (bien que la conception du temps y soit très altérée), comme on m’avait prévenu puisque je suis un néophyte, le cerveau se met un peu à paniquer face à la perte de ses repères sensoriels et spatio-temporels pendant aussi longtemps. Une phase dont j’ai du mal à me défaire et où j’essaie plusieurs fois de supprimer immédiatement chaque micro-sensation gênante, comme les gouttes salées qui suintent sur ma peau, et de m’éloigner d’un bourdonnement qui semblait issu de la partie filtrante de la bulle.

    Dans cette phase de doute, l’essentiel est de ne pas perdre de vue le but de la séance : lâcher prise pour entrer dans un état méditatif semi-conscient afin de se relaxer au mieux. Surtout, mieux vaut éviter au maximum de se toucher au niveau du visage (comme se gratter les sourcils) car se mettre du sel dans les yeux - même si vous disposez d’un spray à eau pour l’enlever dans la capsule - pourrait être suffisamment désagréable pour vous sortir brutalement de votre état de détente. Enfin, il faut parvenir à faire le vide pour apaiser au plus vite ce stress qui peut naître, ce que les personnes habituées à la méditation sauront mieux faire.

    L'isolation sensorielle peut parfois provoquer des hallucinations

    Après un petit moment à me réapproprier mon environnement et à ordonner à mon cerveau de se taire, j’y parviens, et la relaxation revient. Je découvre de nouvelles sensations, créées par le cerveau pour compenser l’absence de stimulation sensorielle : l’impression d’être balancé de gauche à droite ou de haut en bas, comme dans une mer soulevée par la houle. Puis de très légères formes blanches se diffusent devant mes yeux ouverts, comme après avoir été un peu ébloui. Certaines personnes, plus réceptives, peuvent même avoir quelques hallucinations visuelles plus développées et nettes, ou sonores.

    Alors que je ne sais pas vraiment s’il s’est écoulé un quart d’heure ou 4 heures, j’entend les bruits de vagues de l’ambiance sonore du début : c’est la fin de la séance. La sortie du cocon est difficile, les muscles étant complètement relâchés, mais je suis très relaxé. Le plus difficile est le retour à la réalité et la transition avec la sur-stimulation des transports parisiens. Je vous conseille de revenir chez vous plus tranquillement que dans une ligne de métro bondée. Néanmoins, je constate par moi-même les effets supposés sur le repos et la créativité : je me sens bien plus reposé qu’après une sieste et j’ai tout de suite trouvé l’inspiration pour écrire un poème.

    Pour résumer ce que j’ai pensé de l’isolation sensorielle, il s'agit clairement d'un très bon moyen de relaxation, qui permet de se relâcher à la fois psychologiquement et physiquement et de se reposer, sans rien avoir à faire et en étant seul loin de l’hyper-stimulation du quotidien, ce qui est une expérience assez rare pour la recommander.

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    JDF