Cardiologie

Insuffisance tricuspide : une réparation par un clip améliore les malades

Pour la première fois, des patients souffrant d’une insuffisance tricuspide pourraient être améliorés par la réparation de leur valve à l’aide d’un clip de même nature que celui utilisé pour les insuffisances mitrales.

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  • 07 Mar 2023
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    L’insuffisance tricuspidienne sévère est une pathologie handicapante avec une mauvaise qualité de vie et une morbidité importante. Les diurétiques utilisés pour atténuer les symptômes sont peu efficaces, et la réparation chirurgicale de la valve est généralement trop risquée.

    Dans le cadre d'une étude présentée au congrès annuel de l'American College of Cardiology (ACC), des patients souffrant de fuites au niveau de la valve tricuspide ont vu leur état s'améliorer grâce à une procédure qui ne nécessite pas d'opération à cœur ouvert : la mise en place par voie endovasculaire d’un clip sur la valve tricuspide améliore son fonctionnement. Le dispositif de clippage utilisé est similaire à celui utilisé avec succès pour traiter les patients qui ont une insuffisance mitrale.

    Cette « réparation » percutanée de la valve tricuspide se révèle sûre pour les patients souffrant d’insuffisance tricuspide sévère. Elle réduit la gravité de la régurgitation tricuspide et est associé à une amélioration de la qualité de vie. Les résultats ont été publiés dans le New England Journal of Medicine, parallèlement à leur présentation au congrès annuel de l'ACC.

    Une étude randomisée sur 350 malades

    Des chercheurs ont mené une étude prospective randomisée sur 350 patients souffrant d'une insuffisance tricuspide sévère en effectuant une réparation de la valve tricuspide via un cathéter introduit par voie percutanée (TEER). Le critère d'évaluation principal était un composite hiérarchique comprenant le décès, quelle qu'en soit la cause, ou la chirurgie de la valve tricuspide, l'hospitalisation pour insuffisance cardiaque et l'amélioration de la qualité de vie mesurée par le Kansas City Cardiomyopathy Questionnaire (KCCQ) (de 0 à 100) lors du suivi à un an.

    Lors de l’évaluation observator-blind, les résultats sur le critère principal d'évaluation sont en faveur du groupe TEER (win ratio, 1,48 ; IC à 95%, 1,06 à 2,13 ; p=0,02). L'incidence des décès ou de la chirurgie de la valve tricuspide et le taux d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque ne semblent cependant pas différer entre les groupes.

    Le score de qualité de vie KCCQ a évolué en moyenne (±SD) de 12,3±1,8 points dans le groupe TEER, contre 0,6±1,8 points dans le groupe témoin (p<0,001). À 30 jours, 87,0% des patients du groupe TEER et 4,8% de ceux du groupe témoin avaient une régurgitation tricuspide dont la gravité n'était pas supérieure à modérée (p<0,001). La TEER s'est avérée sûre ; 98,3% des patients qui ont subi l'intervention n'ont pas présenté d'événements indésirables majeurs à 30 jours.

    Les patients de l'étude ont maintenant été suivis pendant au moins un an et le clip n'a pas prolongé la survie, mais l'étude n'est pas encore mature : un an de suivi n’est probablement pas suffisant pour évaluer ce paramètre d’après les experts.

    La « valve oubliée » du cœur

    La valve tricuspide a longtemps été connue comme la « valve oubliée » du cœur. Les médecins avaient supposé que s'ils réglaient les problèmes du cœur gauche, comme une fuite de la valve mitrale ou de la valve aortique, l’insuffisance tricuspide se résoudrait d'elle-même, mais ce n’est pas le cas.

    La reconnaissance récente du fait que l’insuffisance tricuspide a des implications pronostiques indépendantes sur les résultats cliniques a recentré l'attention sur les options de traitement, notamment les traitements médicaux et la chirurgie. À ce jour, le seul traitement est médical et consiste à utiliser des diurétiques de l'anse avec un résultat mitigé et transitoire. Quelques malades ont eu une chirurgie réparatrice de la valve tricuspide mais, du fait des nombreuses comorbidités, qui découlent souvent de leur fuite valvulaire, l’opération à cœur ouvert est souvent trop risquée. Le taux de mortalité lié à l'opération serait de 10 %, ce qui est dix fois supérieur au taux de mortalité lié au remplacement de la valve aortique.

    Enfin, un essai clinique teste actuellement le remplacement de la valve tricuspide par voie endoscopique selon la même technique que le TAVR (Transcatheter Aortic Valve Replacement) et ce sera peut-être une autre possibilité pour améliorer ces patients.

     

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    JDF