Gynéco-obstétrique
Grossesse : la migraine augmente les risques de complications
Avoir des antécédents de migraine augmenterait les risques de complication gravidiques, et en particulier une pré-éclampsie et un accouchement prématuré. Une indication potentielle pour de l'aspirine à dose anti-agrégante pendant la grossesse.
- nd3000/istock
Les migraines peuvent être particulièrement handicapantes dans la vie quotidienne. Mais elles sont aussi susceptibles d'être problématiques lorsque le désir d’enfant est présent.
En effet, les migraines augmenteraient les risques de nombreuses complications lors d’une grossesse, dont la pré-éclampsie et un accouchement prématuré, selon une étude réalisée par des chercheurs du Brigham and Women's Hospital (USA) et publiée dans Neurology..
Migraines : un risque accru de pré-éclampsie et d’accouchement prématuré
Pour mieux comprendre le lien entre la migraine et les complications gravidiques, les scientifiques ont analysé les données d’infirmières ayant participé à l’étude Nurses' Health Study II. Ils avaient ainsi les dossiers de 30.555 grossesses de 19.694 soignantes américaines. Les chercheurs ont examiné les migraines diagnostiquées, leur phénotype (avec et sans aura) ainsi que l'incidence des complications pendant la grossesse.
Ils ont découvert que le fait de souffrir de migraine avant d'être enceinte était associé à un risque d'accouchement prématuré majoré de 17% par rapport aux femmes qui n’avaient pas de crise. Le taux était majoré de 28% pour l'hypertension gestationnelle et de 40% pour la pré-éclampsie. La migraine avec aura était liée à un risque un peu plus élevé de pré-éclampsie que la migraine sans aura. En revanche, le trouble n'était pas associé à un faible poids à la naissance ou à un diabète gestationnel.
"L'accouchement prématuré et les troubles hypertensifs comptent parmi les principaux moteurs de la morbidité et de la mortalité maternelles et infantiles. Nos résultats suggèrent qu'un antécédent de migraine mérite d'être considéré comme un facteur de risque important pour ces complications et pourrait être utile pour signaler les femmes susceptibles de bénéficier d'une surveillance renforcée pendant la grossesse", explique la Dr Alexandra Purdue-Smithe, premier auteur de l'étude.
L’aspirine, une solution contre les complications de la migraine ?
L’équipe a également repéré que les participantes souffrant de migraines et qui ont indiqué utiliser régulièrement de l'aspirine (plus de deux fois par semaine) avant la grossesse, avaient un risque amoindri de 45% d'accouchement prématuré. De précédents essais cliniques avaient de leur côté mis en évidence que la prise d'une faible dose d'aspirine pendant la grossesse serait intéressante pour réduire les taux d'accouchement prématuré. Il est ainsi conseillé pour certaines grossesses difficiles. En revanche, son utilisation durant celles des migraineuses ne fait pas partie des recommandations actuelles.
Pour la chercheuse, il pourrait être intéressant de proposer l'aspirine aux patientes. "Nos résultats sur le risque réduit d'accouchement prématuré chez les femmes souffrant de migraine qui ont indiqué prendre régulièrement de l'aspirine avant la grossesse, suggèrent que l'aspirine peut aussi être bénéfique pour les femmes souffrant de migraine." Toutefois, elle reconnaît que "compte tenu de la nature observationnelle de notre étude et du manque d'informations détaillées sur la posologie de l'aspirine disponibles dans la cohorte, des essais cliniques seront nécessaires pour répondre définitivement à cette question."








