Onco-digestif

Cancer du côlon localement avancé : intérêt de la CHIP à confirmer

Dans le cancer du côlon localement avancé, l’efficacité de la ChimioHyperthermie Intra-Péritonéale (CHIP) est en cours d’étude. Les résultats préliminaires d’un essai présenté à l’ESMO 2022 montrent des bénéfices restreints aux lésions T4.

  • Kaushik_Ghosh/iStock
  • 17 Nov 2022
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    Il existe 2 modes principaux de dissémination métastatique des cancers coliques : la voie systémique pour les métastases hépatiques et pulmonaires, principalement, et la voie locorégionale qui entraine une dissémination péritonéale. Les tumeurs coliques localement avancées envahissant la séreuse péritonéale augmentent le risque de carcinose péritonéale métachrone.

    Si la résection chirurgicale se doit d’emporter la lésion en marges saines, se pose aussi la question de l’intérêt d’un traitement locorégional, par chimiohyperthermie intra-péritonéale (CHIP).

    La CHIP est une des modalités de traitement intrapéritonéal dont l’objectif est le traitement de la maladie microscopique résiduelle. A ce jour, aucune étude n’a démontré l’intérêt de la CHIP dans le contrôle locorégional des tumeurs localement avancées du colon.

    L’essai HIPECT4

    A l’ESMO 2022, Arjona-Sanchez et al. rapportaient les résultats d’un essai randomisé, contrôlé, multicentrique, évaluant l’impact de la CHIP sur le contrôle local des cancers T4 Nx. L’objectif principal de l’étude étant l’amélioration de la survie sans récidive péritonéale à 3 ans.

    Après une évaluation radiologique, les lésions coliques jugées T4 étaient randomisées entre résection colique seule et résection colique associée à une CHIP à la mitomycine 60 mg/m2 pendant 60 minutes. Sur les 200 patients inclus, 184 ont été randomisés, 95 dans le groupe chirurgie seule et 89 dans le groupe chirurgie + CHIP. Une chimiothérapie adjuvante a été réalisée sur 68% (65/95) des patients traités par chirurgie seule et 70% (63/89) des patients après chirurgie + CHIP (p=0.99).

    Une efficacité de la CHIP restreinte aux lésions T4

    En termes de morbidité post-opératoire à 90 jours, il n’y avait pas de différence entre les 2 groupes, sur l’ensemble de la cohorte. De plus, tous sites métastatiques confondus, les auteurs ne rapportent pas de bénéfice en termes de survie sans récidive ni en termes de survie globale. Cependant, pour le sous-groupe des lésions T4, la CHIP présente des bénéfices significatifs sur la survie sans récidive péritonéale après 3 ans. Les auteurs concluent que la CHIP dans les tumeurs T4 améliore le contrôle locorégional, sans augmenter la morbidité ou la survie globale.

    A la différence de l’essai PROPHYLCHIP, dont la population d’analyse présentait une localisation péritonéale (carcinose réséquée, métastase ovarienne, ou tumeur perforée), l’essai HIPECT4 proposait l’évaluation de la CHIP en prophylaxie, avant la survenue de tout signe de carcinose. Cette étude, est la première, qui semble montrer l’intérêt de la CHIP à la mitomycine pour prévenir le risque de récidive péritonéale des cancers colorectaux localement avancés. Les résultats présentés appellent cependant quelques commentaires.

    Une allocation atypique de la CHIP

    Dans cette étude, le taux de tumeur T4 suspectées par l’imagerie, et confirmée en anatomopathologie, était de 82%. Ces résultats suggèrent que 1 patient sur 5 a reçu une CHIP en dehors des critères de sélection de l’étude. Si la morbidité de la CHIP sur la population étudiée n’était pas significative, la question d’exposer 1 patient sur 5 à un traitement potentiellement non indiqué, interpelle.

    Une publication attendue

    Les résultats de survie, sous réserve d’une présentation orale de résultats préliminaires, ont été rapporté sur 2 populations différentes. En effet, sur les courbes de survie sans récidive péritonéale, la population étudiée correspondait à l’ensemble des patients présentant une tumeur T4 confirmée histologiquement. En revanche, la survie sans récidive et la survie globale ont été rapportées sur l’ensemble de la cohorte. Existe-t-il une différence de survie sans récidive péritonéale dans l’ensemble de la cohorte ? La CHIP apporte-elle un bénéfice de survie globale dans la population de patient avec une tumeur T4 ?

    Enfin, dans les résultats rapportés, il n’est pas mentionné le type d’abord chirurgical, entre laparotomie et cœlioscopie. Or, en dehors de centres experts en chirurgie mini-invasive, il se pourrait que la cœlioscopie dans les tumeurs localement avancées expose à un risque plus important de résection incomplète et de récidive péritonéale.

    Cette étude démontre l’intérêt potentiel de la CHIP pour améliorer le contrôle locorégional des tumeurs localement avancées du colon. Cependant les résultats définitifs apparaissent indispensables pour confirmer ces données.

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    JDF