Médecine générale

Vague de chaleur : prévention des risques en consultation de médecine générale

Arrêter des traitements ? non ou du moins pas systématiquement. Hydrater ? oui mais pas trop… Les réflexes à avoir en consultation de médecine générale pour limiter les risques pendant la vague de chaleur sont tout en nuances. On fait le point. 

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  • 16 Jun 2022
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    La vague de chaleur s'installe sur le pays. Avec elle, les risques de pathologies liées à la chaleur. Déshydratation et coup de chaleur sont les deux principaux. Santé Publique France (SPF) le rappelle : ces 2 risques peuvent survenir dès les premiers jours de grosses chaleurs et être mortelles.

    Pouvant être prévenues par des mesures de prévention simple, telles que la brumisation, la protection de l'habitat et bien sûr l'hydratation régulière, le médecin généraliste a un rôle majeur en termes de sensibilisation des personnes à risque quant à ces réflexes simples à adopter.

    Plus complexe par contre, il faut aussi veiller à adapter (ou non !) les traitements médicamenteux à risque selon les situations cliniques et garder en tête que pendant la vague de chaleur, il est aussi fréquent de voir des personnes ... sur-hydratées. Vigilance sur tous les fronts donc. 

    Surtout pas d'arrêt systématique des traitements à risque

    Diurétiques, anti-inflammatoires, neuroleptiques, anti-hypertenseurs, anticholinergiques, anti-thyroïdiens... La liste des médicaments pouvant interagir avec l'adaptation de l'organisme à la chaleur est longue. La vague de chaleur est l'occasion d'y rejeter un coup d’œil sur le site de l'ANSM.

    Mais attention qui dit médicaments à risque ne dit surtout pas arrêt systématique ! Les recommandations sont claires à ce sujet : « En aucun cas il n’est justifié d’envisager d’emblée et systématiquement une diminution ou un arrêt des médicaments pouvant interagir avec l’adaptation de l’organisme à la chaleur ». Alors quelle attitude adopter ?

    Il faut tout d'abord identifier les médicaments à risque sans oublier de possibles prises en auto-médication. Puis place à la clinique de l'état d'hydratation des personnes à risque, en évaluant apports hydriques, poids, tension artérielle et fréquence cardiaque. L'évaluation peut être complétée par un ionogramme sanguin et une créatininémie si besoin.

    Une fois ces étapes effectuées, l'adaptation du traitement peut être envisagée. Chez le sujet âgé, une vigilance particulière doit être accordée à la prise de diurétiques (vérifier que les apports hydriques et sodés sont adaptés), et aux associations, fréquentes, de médicaments néphrotoxiques ou d'un neuroleptique avec un anti-cholinergique.

    L'hyponatrémie de dilution, une pathologie fréquente liée à une hydratation en excès

    Parfois les recommandations d'hydratation sont suivies avec un peu trop de zèle... Ce qui peut conduire à une hyponatrémie de dilution. Une situation qui n'est pas rare, notamment chez les plus de 65 ans puisqu'elle peut être responsable, selon SPF, de 45% de leurs passages aux urgences pour une pathologie en lien avec la canicule.

    Des symptômes généraux tels que : asthénie, nausées, vomissements ou chez les insuffisants cardiaques ou hépatiques, des œdèmes, doivent faire évoquer le diagnostic et inciter au dosage de la natrémie. A un stade plus avancé, l'hyponatrémie provoque léthargie, confusion, convulsions ou encore coma qui imposent un recours aux urgences immédiat.

    Pour éviter l'hyperhydratation, en consultation, il est important de bien distinguer déshydratation et coup de chaleur. Devant l'absence de sécheresse gingivo-jugale, d'hypotonie oculaire et la présence d'une fièvre supérieure à 40° orientant plutôt vers un coup de chaleur, mieux vaut éviter toute réhydratation intensive dans l'attente d'un bilan hydroélectrolytique.

    Enfin aux patients à risque, il est utile de rappeler qu'il faut boire beaucoup mais pas trop, et manger suffisamment, si besoin en fractionnant les repas pour apporter les sels minéraux nécessaires à l'équilibre hydroélectrolytique de l'organisme.

    Gare aussi au paracétamol, potentiellement mortel

    Parmi les autres situations à risque : gare aussi au paracétamol. Inefficace sur les symptômes en cas de déshydratation ou coup de chaleur, il peut par contre s'avérer mortel en raison d'un possible aggravation de l'atteinte hépatique souvent présente. Un risque à garder en tête et sur lequel il est utile d'alerter les patients, en leur recommandant de ne prendre aucun médicament sans avis professionnels, y compris ceux qui sont habituellement délivrés sans ordonnance

     

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    JDF