Infectiologie

Vaccin antipaludique : l'OMS se félicite du succès mais appelle à innover encore

L'Organisation Mondiale de la Santé fait le point sur l'impact positif du vaccin antipaludique déployé en Afrique et les autres innovations à venir. Mais elle rappelle aussi que la lutte est loin d'être gagnée, notamment à cause de l'arrivée de nouvelles menaces.

  • panom/istock
  • 02 Mai 2022
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    A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme le 25 avril, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) appelle à continuer à innover pour sauver des vies. L'organisation internationale publie un communiqué de presse dans lequel elle rappelle les majeures avancées des dernières années dans la lutte contre le paludisme, notamment avec la mise en circulation du premier vaccin antipaludique.

    Et d'autres initiatives devraient bientôt être disponibles. Mais l'objectif fixé pour 2030 de réduire l'incidence de la maladie d'au moins 90% paraît encore loin. Entre doses manquantes et résistances, les obstacles sont nombreux.

    Plus d'un million d'enfants africains protégés, mais les doses vont bientôt manquer

    « Au début de ma carrière, lorsque j’étais chercheur sur le paludisme, je rêvais du jour où nous aurions un vaccin efficace contre cette maladie aux conséquences effroyables » a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. Et ce rêve est devenu réalité en 2019 lorsqu'ont été lancés pour la première fois les projets pilotes de vaccin antipaludique au Malawi. Ils avaient permis de démontrer que le vaccin RTS,S  était sûr et permettait de réduire significativement le risque de paludisme grave potentiellement mortel.

    Depuis plus d'un million d'enfant ont reçu une ou plusieurs doses du premier vaccin antipaludique au Ghana, Kenya, Malawi, selon la recommandation historique d'octobre 2021 de l'OMS préconisant la vaccination « chez les enfants vivant dans les régions où la transmission est modérée à forte ». Déployé à grande échelle, l'OMS estime qu'il pourrait sauver 40 000 à 80 000 enfants africains chaque année.

    Cependant la demande devrait bientôt dépasser l'offre, comme le précise l'OMS « la capacité actuelle de production du vaccin s’élève à 15 millions de doses au maximum par an, tandis que la demande est estimée à plus de 80 millions de doses par an ». L'OMS travaille avec ses partenaires pour augmenter les capacités de fabrication du RTS,S  et faciliter la mise au point d'autres vaccins.  

    De nouvelles initiatives en perspective

    D'autres vaccins « d'efficacité égale ou supérieure » pourraient être disponibles « à l'avenir » précise l'OMS. Parmi eux le R21/Matrix-M et un vaccin utilisant la technologie de l'ARNm qui pourrait être développé par BioNTech, le fabricant du vaccin Pfizer contre la Covid 19.

    Parmi les autres innovations attendues, l'OMS évoque de nouveaux outils et nouvelles technologies pour la lutte contre les moustiques tels que des moustiquaires imprégnées insecticide, des pulvérisations spatiales contre les moustiques, ou encore des techniques de forçage génétique et d'appâts sucrés conçus pour attirer et tuer les moustiques anophèles.

    Parmi les avancées en terme thérapeutique, l'OMS «se félicite de l’approbation récente, par l’Australian Therapeutic Goods Administration, de comprimés dispersibles de tafénoquine à dose unique destinés à prévenir le paludisme à P. vivax chez les enfants ». La prise unique permet d'éviter les 7 à 14 jours de traitement médicamenteux qui constituent actuellement la norme, ce qui, espère l'OMS, devrait favoriser l'observance. Plusieurs autres médicaments antipaludiques, dotés de nouveaux modes d'action ou à destination des formes résistantes de paludisme sont en phase de conception ou en essai clinique.

    D'autres « menaces urgentes » signalées par l'OMS

    Félicitant ces avancées majeures, l'OMS incite tout de même à innover encore dans la lutte contre le paludisme. Notamment parce que de nouvelles menaces planent telles que la résistance du parasite aux antipaludéens et des moustiques aux insecticides ou encore la propagation de parasites mutés entravant l'efficacité des tests de diagnostics rapides. La lutte est donc loin d'être gagnée.

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    JDF