Onco-dermatologie

Obésité et risque de mélanome agressif : une découverte prometteuse

L'obésité augmente le risque de développer certaines tumeurs et en accroît l'agressivité. C'est le cas pour le mélanome. Un mécanisme moléculaire à l'origine de ce phénomène a été découvert par des chercheurs de l'INSERM et pourrait ouvrir la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques. 

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  • 29 Mar 2022
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    Des études montrent que l'obésité augmente le risque de développer un mélanome, et en accroître l’agressivité. Les adipocytes, principales cellules du tissus adipeux, jouraient un rôle clé dans ce phénomène. Elles alimentent en lipides les cellules tumorales et sécrètent des facteurs d'inflammation pro-tumoraux.

    Mais un autre mécanisme, jouant un rôle dans l'agressivité tumorale, et pouvant ouvrir à de nouvelles perspectives thérapeutiques a été mis en évidence par une équipe INSERM

    Une protéine suppresseur de tumeur moins exprimées chez les sujets obèses

    Les chercheurs ont étudié des modèles expérimentaux de souris, minces ou obèses qui développent spontanément un mélanome. Ils ont montré que les souris obèses mais aussi les souris minces qui n'exprimaient pas dans leurs cellules tumorales, une certaine protéine p16 développaient des mélanomes plus agressifs. Ces résultats suggéraient un effet commun entre l'obésité et une diminution de l'expression de la protéine p16.

    Et pour cause : en mesurant l'expression de cette protéine chez les souris obèses, les chercheurs ont constaté qu'elle y était également diminuée. Cette protéine p16, joue normalement un rôle de suppresseur de tumeur en contrôlant le cycle cellulaire et l'arrêt de la division des cellules anormales, ce qui explique que sa diminution augmente l'agressivité des mélanomes.

    Découverte de la cascade de signalisation responsable de l'anomalie

    Les chercheurs ont aussi pu mettre en évidence la cascade de signalisation à l'origine de l'anomalie découverte. En cas d'obésité, les adipocytes augmentent la sécrétion de certaines vésicules dans lesquelles se trouvent une autre protéine, appelée béta-caténine.

    Celle-ci pénètre dans les cellules du mélanome diminuant alors massivement l'expression de la protéine p16 et l'empêchant ainsi de jouer son rôle de contrôle du cycle cellulaire. Il en découle donc une augmentation de l'agressivité du cancer. 

    Des implications cliniques

    De ces découvertes moléculaires découlent de potentielles implications cliniques. Comme l'indiquent les chercheurs « cela doit encourager les praticiens à surveiller de plus près [le risque de mélanome agressif] chez les personnes obèses, mais également en surpoids ».

    Les résultats ouvrent aussi la voie à de nouvelles thérapeutiques en ciblant spécifiquement la voie des protéines p16 et béta-caténine, notamment chez les personnes obèses

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    JDF