Néphrologie

Insuffisance rénale : l'espoir de la régénération des cellules rénales

L'évolution d'une insuffisance rénale chronique est à ce jour inéluctable, il est seulement possible de la ralentir. Mais de nouvelles découvertes montrent que certaines cellules rénales pourraient se renouveler développant ainsi l'espoir d'un traitement régénératif.

  • Ben-Schonewille/istock
  • 27 Mar 2022
  • A A

    L'insuffisance rénale chronique touche plus de 6 millions de personnes en France. A ce jour, c'est une maladie incurable dont on peut juste ralentir l'évolution. Les podocytes, les cellules épithéliales du glomérule, régissent en temps normal la filtration rénale. Et ce sont ces cellules qui sont la plupart du temps détruites en cas d'insuffisance rénale.

    Des travaux de l'INSERM conduits par la chercheuse Marina Shkreli montrent que ces cellules pourraient se régénérer. L'enzyme télomérase et les cellules progénitrices sont deux éléments clés de ses découvertes.

    La télomérase, une enzyme aux multiples fonctions

    La télomérase est une enzyme déjà bien connue dans le monde de la recherche. Elle ralentit le processus de vieillissement en réparant les extrémités des chromosomes qui s'effritent au fil des divisions cellulaires. On sait également que cette enzyme s'exprime dans certaines cellules cancéreuses en favorisant leur prolifération et en leur instaurant un état « d'immortalité ».

    Mais elle aurait aussi des propriétés annexes, notamment dans le rein. En effet, les différents travaux, menées par la chercheuse de l'INSERM suggèrent que cette enzyme pourrait stimuler la régénération des podocytes. A l'appui de cette hypothèse deux découvertes, suite à des travaux menés sur des modèles expérimentaux de souris :  la surexpression transitoire de la télomérase stimulerait le renouvellement des podocytes et son absence empêcherait leur régénération.

    Des cellules souches dans le rein ? 

    Deuxième élément-clé des recherches : l'existence de cellules à l'origine de la régénération des podocytes, les cellules progénitrices. Ce terme désigne les cellules souches des tissus différenciés. Pour le rein, l'existence de telles cellules reste un sujet controversé dans la littérature car leur présence n'a jamais été décrite auparavant. Une découverte qui pourrait donc être majeure.

    Les travaux de recherche vont donc se poursuivre pour répondre à une autre question que se pose la chercheuse : quelle est l'origine de ces cellules progénitrices ? Plusieurs possibilités : il peut exister un pool de cellules souches rénales encore jamais identifié ou certaines cellules rénales différenciées pourraient être capables de se réinitialiser. La chercheuse opte plutôt pour une coexistence des deux mécanismes comme c'est le cas dans l'intestin et le foie.

    Vers une médecine régénérative du rein 

    L'ensemble de ces résultats suggèrent donc que le rein aurait des capacités de régénération intrinsèques, mais celles-ci sont naturellement insuffisantes pour compenser la perte de podocytes en cause dans l'insuffisance rénale. La chercheuse se fixe donc aussi comme objectif de comprendre pourquoi la régénération est insuffisante. Une connaissance qui pourrait aider à développer des approches de médecine régénérative. Des médicaments spécifiques ciblant les différentes voies cellulaires possiblement en cause sont d'ailleurs déjà développés. Les résultats des prochaines études sont donc attendus avec impatience car ils pourraient révolutionner la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF