Gériatrie

Surmortalité et pandémie : les personnes âgées démentes majoritairement touchées

Une surmortalité des personnes âgées au cours de la Covid-19 serait bien plus importante en cas de démence selon une étude américaine de très vaste ampleur. Tous ces décès prématurés ne seraient a priori pas uniquement dus aux infections par le virus, mais à une désorganisation des soins.

  • fizkes/istock
  • 13 Mar 2022
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    Les personnes âgées atteintes de démence avaient-elles plus de risque que les autres de décéder pendant la pandémie ? Voilà la question que se sont posé des chercheurs américains. Et d'après les résultats de leur étude, publiée dans le JAMA, la réponse est oui.

    L'analyse a porté sur une comparaison de la surmortalité des personnes âgées, démentes ou non, entre les périodes de mars à décembre 2019 (avant la pandémie) et mars à décembre 2020 (1ère et 2ème vague Covid). D'une ampleur sans précédent, l'étude a inclus sur les deux périodes, plus de 26 millions de personnes bénéficiant du Medicare, le programme d'assurance maladie américain destiné aux personnes âgées.

    Les chercheurs ont ainsi montré une surmortalité pendant la pandémie 2 fois plus importante chez les personnes atteintes de démence : +26%, contre +12% pour les personnes âgées non-démentes.

    Une surmortalité plus importante pour certaines populations

    Une augmentation des décès qui ne serait pas uniquement due aux infections par la Covid-19. En effet, les chercheurs ont montré que, dans la région qui a été la moins touchée par la pandémie, aucune surmortalité n’est observée entre 2019 et 2020 pour les personnes non-démentes alors que la surmortalité des personnes démentes est de 8,8%.

    La surmortalité pendant la pandémie des personnes démentes serait encore plus importante pour certaines populations : les résidents en maison de retraite (+33% par rapport à 2019), les populations asiatiques (+36%), noires (+37%) et hispaniques (+40%). 

    Dans plus d'un cas sur 10, la surmortalité pas directement liée à la Covid-19

    Comme l'expliquent les chercheurs, la surmortalité des personnes âgées atteintes de démence au cours des premières phases de la pandémie de Covid-19 reflète probablement de nombreux facteurs.

    Premièrement, une partie de l'augmentation de la mortalité est due à la Covid-19 elle-même. Des travaux antérieurs suggèrent que les décès directement liés aux infections Covid-19 représenteraient entre 78% et 90% de la surmortalité observée en 2020.

    Pour la dizaine de pourcents restant, les chercheurs évoquent d'autres pistes. Une partie des décès prématurés pourrait être liée aux perturbations du système de santé pendant la pandémie, avec une diminution du nombre de patients hospitalisés et l'utilisation accrue de la télémédecine pour les soins ambulatoires.

    Les chercheurs insistent sur ce dernier point en soulignant les difficultés que peuvent avoir les personnes âgées atteintes de démence à s'engager efficacement dans des consultations à distance.

    Une plus grande sensibilité aux restrictions ?

    Enfin, il est aussi tout à fait plausible, comme l'ont montré certaines études, que l'isolement social et la solitude aient augmenté la mortalité de cette population vulnérable.

    Le risque élevé de mortalité constaté chez les personnes âgées atteintes de démence, même dans les régions les moins touchées par la pandémie, suggère que cette population pourrait être particulièrement sensible aux changements de prestation de soins et autres restrictions ayant été mis en place pendant la pandémie.

    Un point donc sur lequel il faudra être vigilant en cas de nouvel épisode pandémique.

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    JDF