Pneumologie

Tabac et cannabis : une altération respiratoire avec des mécanismes et des effets distincts

Le cannabis et le tabac ont des effets distincts sur la fonction respiratoire. La consommation de cannabis provoque des volumes pulmonaires plus élevés. Une étude de cohorte avec un suivi jusqu’au milieu de la vie adulte a permis de mettre en lumière les effets du cannabis sur la fonction respiratoire sur le long terme, dont les mécanismes sont différents de ceux provoqués par le tabagisme.

  • 24 Fév 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en février 2022 dans l’American Journal of Respiratory Critical Care, a cherché à démontrer que les effets de la consommation de cannabis sur la fonction respiratoire sont différents de ceux provoqués par le tabagisme. Ill s’agit d’une étude de cohorte, ayant inclus 1037 participants. Leur consommation de cannabis et de tabac a été évaluée à plusieurs âges de la vie d’adulte entre 18 et 45 ans. A l’âge de 45 ans, ils ont bénéficié d’une spirométrie, d’une pléthysmographie et d’une mesure de la DLCO. Un ajustement a ensuite été réalisé en fonction de la consommation de tabac afin de définir une association entre la fonction pulmonaire et la consommation de cannabis.

    Des volumes pulmonaires plus élevés avec le cannabis

    Il existe peu de données, dans la littérature, concernant les effets du cannabis sur la fonction respiratoire de l’adulte. La plupart des études ont, jusque-là, été réalisées en incluant des patients jeunes. Les auteurs de cette étude ont fait un suivi de l’âge de 18 ans à l’âge de 45 ans. Sur les 1037 participants inclus initialement, 40 sont décédés entre temps et les données ont été exploitables pour 881 sujets au total. Les résultats ont montré que les consommateurs de cannabis pont une un volume expiratoire forcé abaissé par rapport à leur capacité vitale, mais ceci est due à une capacité vitale forcée plus élevé chez ces sujets. Ils ont également une capacité pulmonaire totale, une capacité résiduelle fonctionnelle, un volume résiduel et un volume alvéolaire plus élevé que la moyenne. En revanche, ils ont un débit expiratoire moyen et des transferts de gaz plus faibles que ceux de la population générale. Les auteurs ont également observé que chez les participants qui ont interrompu une ou plusieurs fois leur consommation de cannabis au cours de l’étude, les données de la spirométrie étaient inchangées.

     

    Un schéma d’effets différent de celui du tabac

    Au terme de cette étude, les auteurs ont donc montré que la consommation de cannabis était associée à des volumes pulmonaires plus élevés avec une augmentation de la résistance des gosses voies aériennes, ce qui affaibli le débit moyen d’air expiratoire. C’est l’augmentation de la capacité vitale forcée qui modifie le volume expiratoire forcé. Ces effets ne sont pas observés chez les consommateurs de tabac exclusifs. Les auteurs de ce travail concluent donc que la consommation de cannabis a bel et bien un effet délétère sur a fonction respiratoire et sur les échanges gazeux, mais avec un mécanisme différent de l’atteinte respiratoire liée au tabac.

    En conclusion, la consommation de cannabis jusqu’à un âge adulte moyen provoque une atteinte respiratoire et une altération des échanges gazeux, avec un effet différent de celui du tabac. D’autres travaux sont nécessaires pour préciser ces résultats, notamment sur un plus long terme.

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    JDF