Psychiatrie
E-santé mentale : les applications sont-elles efficaces ?
Avec la chute du nombre de psychiatres en France et la recrudescence des demandes de prises en charge des troubles psychiques dans le contexte de la pandémie, les applications de santé mentales ont actuellement du succès. Mais que valent-elles sur le plan médical ?
- oatawa/istock
Les applications de santé mentale ont tout pour plaire à la population générale : accessibles sans rendez-vous et à toute heure, anonymes, souvent gratuites. Mais d'un point de vue scientifique que penser de leur utilisation ?
Un article publié sur le site de l'INSERM, se pose la question suivante « quand la santé mentale flanche, l'appli est-elle un appui solide ? ». Des pistes de réponses sont apportées par des spécialistes de la question.
« Les applis accompagnent le temps de maturation nécessaire à la consultation d'un spécialiste »
Karine Chevreul, professeur de santé publique à l'INSERM se réjouit qu'il soit de plus en plus accepté socialement de traverser des difficultés psychiques. Mais franchir le pas pour consulter un spécialiste peut encore être un obstacle difficile à surmonter car cela reste stigmatisé.
Ainsi, selon elle, les applications de santé mentale, développées dans le cadre de projet académiques, peuvent permettre « le respect du rythme de chacun » en accompagnant le « temps de maturation » nécessaire à la prise d'un rendez-vous spécialisé.
Elle a créé dans cette optique l'application StopBlues, qui sensibilise aux signes de la dépression et de la souffrance psychique et permet « dans l'intimité d'identifier le besoin éventuel de consulter un spécialiste ».
« Ne réservons pas l'e-santé aux troubles les plus communs »
Déborah Sebbane, est psychiatre et directrice du Centre collaborateur de l'OMS pour la recherche en santé mentale. Un centre qui accompagne le développement du numérique pour la santé mentale. Elle rappelle qu'il existe de solides preuves scientifiques sur l'efficacité de la psychothérapie à distance, via une application, incitant ainsi implicitement leur utilisation.
Mais elle alerte cependant sur risque de réserver l'e-santé aux troubles les plus communs : « ce serait stigmatiser ceux qui vivent avec des troubles très handicapants tels que la schizophrénie ou le trouble bipolaire ».
Prévenir la fracture numérique
Tout comme il faut rester vigilants sur le risque d'une médecine à deux vitesses où les patients mal à l'aise avec le numérique ne pourraient avoir accès aux mêmes soins que les autres. Selon elle prévenir cette fracture numérique passera par la formation et la création de nouveaux métiers tels que des médiateurs numériques en santé et pairs aidants dédiés.
Les applications de santé mentale semblent donc pouvoir apporter un réel soutien aux personnes souffrant de troubles psychiques. Devant son smartphone il est plus facile de se livrer en tout anonymat mais sans son téléphone, il est aussi plus facile de sourire à la vie et aux rencontres. A utiliser donc comme tout outil numérique à bon escient et sans abus.








