Médecine générale

Perturbateurs endocriniens : un manque de formation pour les généralistes

Rechercher et prévenir l'exposition aux perturbateurs endocriniens des patients à risque ne semble pas encore être un réflexe en consultation de médecine générale. Une meilleure formation des praticiens pourrait permettre d'y remédier et limiter ainsi leurs conséquences sur la santé. 

  • NataliaDeriabina/istock
  • 18 Jan 2022
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    Selon un sondage sur la perception des risques et de la sécurité par les Français, la moitié des personnes interrogées considèrent que les risques liés aux perturbateurs endocriniens sont forts. Les potentielles conséquences sur la santé seraient aussi vastes que les molécules concernées : autisme, infertilité, maladies métaboliques ou dégénératives, cancer.

    Pourtant malgré des expositions fréquentes en population générale et des risques alarmants pour la santé, les perturbateurs endocriniens font rarement l'objet d'une prévention en consultation de médecine générale. La faute en partie à un manque de formation des praticiens sur le sujet. Un constat dressé par le professeur Fénichel, professeur émérite d'endocrinologie à la faculté de Nice et chercheur à l'INSERM, dans un dossier du Conseil National de L'ordre des Médecins dédié aux risques environnementaux sur la santé. 

    « Il faudrait former les médecins généralistes »

    Selon le professeur Fénichel, les professionnels de santé et notamment les médecins généralistes, ont un rôle à jouer pour sensibiliser et limiter l'exposition de la population aux perturbateurs endocriniens. Actuellement trop peu formés, il préconise l'introduction d'enseignements spécifiques dans les études médicale et pour les professionnels en exercice : « il faudrait également former les médecins généralistes ».

    Il insiste sur la cible à privilégier : les jeunes femmes désirant un enfant. Leur exposition aux perturbateurs endocriniens peut avoir de redoutables conséquences sur l'enfant à naître, l'histoire du distibilène en étant un exemple criant. Il préconise dans ce contexte de développer les consultations pré-conceptionnelles pour y aborder systématiquement le sujet.

    Dans l'attente de la formation quelques notions simples pour limiter l'exposition

    En attendant une formation spécifique, le professeur Fénichel conseille d'ores et déjà aux médecins de fournir une liste de conseils simples aux patients à risque pour limiter leur exposition aux perturbateurs endocriniens.

    Parmi eux, renouveler quotidiennement l'air intérieur, faire attention aux cosmétiques (paraben, plomb...), limiter au maximum sa consommation d'aliments industriels ultra-transformés ou encore éviter de consommer des aliments ou boissons dans des canettes métalliques ou boites de conserves.

    L'exposition aux perturbateurs endocriniens : un nouveau réflexe d'interrogatoire médical

    En attendant des formations spécifiques prévues dans le cadre de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, il importe aux médecins généralistes d'intégrer dès maintenant dans leur « interrogatoire » médical la recherche d'une exposition aux perturbateurs endocriniens chez les patients à risque.

    Un nouveau réflexe de pratique pour limiter de dramatiques conséquences sur la santé des Français.  

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    JDF