Médecine générale

Déserts médicaux : et si l'on sélectionnait plus d'étudiants issus des zones sous-dotées ?

Les médecins s'installent préférentiellement dans leur région d'origine. Partant de ce constat, sélectionner plus d'étudiants en médecine originaires de zones dites de « déserts médicaux » pourrait permettre d'améliorer durablement la démographie médicale.

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  • 14 Jan 2022
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    Pour remédier aux pénuries de médecins dans certaines zones géographiques, communément appelés « déserts médicaux », différentes stratégies ont été mises en place au cours des dernières décennies. Parmi les plus connues, les incitations financières à l'installation dans les territoires en difficulté ou l'augmentation du numerus clausus. Des mesures qui n'ont pas suffi à endiguer le problème. De plus, la tendance du fait de l'évolution de la démographie médicale et du vieillissement de la population, est plutôt à l'aggravation.

    S'appuyant sur une analyse des stratégies internationales de lutte contre les déserts médicaux, la DREES dans un rapport dédié donne des pistes de réflexion sur le sujet. L'origine géographique des médecins étant un excellent prédicteur de leur futur lieu d'installation, une des mesures préconisées consisterait à sélectionner davantage de jeunes étudiants issus de zones sous dotées et plus à même d'y exercer une fois leur cursus terminé.

    L'exemple des Etats-Unis : un recrutement des étudiants à la campagne

    Aux Etats-Unis, le programme PSAP (Physicians Shortage Area Program), mis en place dans une université de Pennsylvanie, a misé en partie sur cette stratégie. Il recrute des étudiants qui ont grandi à la campagne ou dans des villes de petite taille et qui souhaitent pratiquer la médecine de famille en zone rurale. Ceux-ci bénéficient alors d'un cursus spécifique pour l'apprentissage de la médecine rurale.

    Des études robustes sur l'efficacité de ce programme montrent des résultats très positifs : ces étudiants ont 10 fois plus de chances d'exercer en soins primaires en milieu rural que leurs collègues n'appartenant pas au programme (32% versus 3,2%). Des programmes basés sur les mêmes principes de sélection existent dans d'autres universités américaines.

    Une revue de la littérature synthétisant les résultats de six de ces programmes conclut que si l'on développait ce type de programme dans les 125 universités nationales, on pourrait doubler en une décennie le nombre de médecins qui exercent dans ces zones. Une stratégie qui semble donc très efficace.

    En France, des tentatives plus timides pour diversifier l'origine géographique des étudiants

    Actuellement en France, les jeunes vivant à distance des villes universitaires et donc dans de potentiels « déserts médicaux » peuvent être freinés pour accéder aux études de médecine du fait de l'éloignement des facultés, du coût des études ou du manque de confiance sur leurs capacités de réussite.

    Plus timides que les programmes américains, des expérimentations existent tout de même pour pallier à ces difficultés. C'est le cas du PACES délocalisé, des antennes de PACES qui s'ouvrent dans des villes universitaires de taille plus réduites pour faciliter l'accès aux jeunes originaires d'autres lieux que le chef-lieu universitaire.

    L'initiative donne des résultats encourageants : les études sur le sujet, bien que peu nombreuses, montrent une bonne réussite des étudiants au concours et permettant ainsi de varier les origines géographiques des futurs médecins. Mais l'initiative est trop récente pour juger de l'impact sur leurs lieux d'installation. 

    Encourager et soutenir les vocations dès le lycée

    La sélection d'étudiants en médecine originaires de zones sous dotées et donc plus enclins à y exercer une fois leur diplôme validé, semble être un élément clé pour lutter contre les déserts médicaux.

    Dans ce sens, des démarches encore plus proactives que celles existantes, pourraient consister à inciter et soutenir dès le secondaire des élèves de ces zones à s'engager dans des études médicales

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    JDF