Pneumologie

Prise en charge de la COVID 19 : des recommandations clarifiées de l’ERS

Des recommandations concernant la prise en charge des patients hospitalisés pour infection par le COVID-19 ont été établies par l’ERS, permettant ainsi de faire le tri, notamment des médicaments ayant un intérêt ou non, ce qui simplifie considérablement la conduite à tenir. D’après un entretien avec Nicolas ROCHE.

  • 22 Avr 2021
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    L’ERS a fait paraitre de nouvelles recommandations sur la prise en charge des patients infectés par le COVD-19 et hospitalisés, en mars 2021 dans l’European Respiratory Journal. Ces recommandations sont  issues des données de la littérature, observées depuis juin 2020. En juillet 2020, l’ERS avait publié des « guidelines » qui provenaient d’accords d’experts mais sans  preuves scientifiques, à ce moment-là, la littérature ayant encore un niveau très variable. Aujourd’hui, des essais randomisés ont complété les connaissances et apportent des preuves scientifiques, que les experts de l’ERS ont synthétisés en recommandations fiables.

    Un travail colossal dans un délai très bref

    Le professeur Nicolas ROCHE, chef du service de pneumologie de l’Hôpital Cochin, souligne que l’on fait face à une accumulation de preuves scientifiques croissants avec, au départ, en mars 2020, un niveau de connaissance très faible. La littérature comporte des publications de niveau variable et l’apparition d’essais randomisés sur les médicaments qui peuvent être utiles ou non a enrichi les connaissances. Les auteurs ont donc, depuis juin 2020, fait une synthèse au fur et à mesure des publications et tiré des conclusions dans le but d’avoir des conséquences pratiques, avec un fort niveau de preuves scientifiques et de convictions d’experts. La méthodologie appliquée (méthode Grade) est extrêmement rigoureuse dans cette revue systématique de la littérature.  Ce travail colossal, issu d’un processus très lourd, effectué sur un très court laps de temps a porté essentiellement sur les médicaments mais également sur les supports ventilatoires et la réhabilitation respiratoire.

    Des recommandations issues d’une accumulation de preuves scientifiques

    Nicolas ROCHE explique, qu’au final, l’essentiel tient en peu d’éléments. Les patients hospitalisés pour COVID-19 sans oxygénothérapie doivent bénéficier d’un traitement symptomatique et d’une anti-coagulation, dont le type n’est cependant pas précisé (préventive, doublement préventive ou curative). Les patients nécessitant une oxygénothérapie doivent, en plus, recevoir une dose quotidienne de 6mg de dexaméthasone pendant 10 jours. Il est également possible d’ajouter un anti-interleukine 6. Lorsque l’oxygénothérapie est insuffisante, les supports ventilatoires seront une PPC ou de l’oxygénothérapie à haut débit. Nicolas ROCHE précise que toutes les autres molécules (azythromycine, hydroxychloroquine, colchicine, anti-rétroviraux…) ne sont pas recommandées et qu’il faut attendre d’avoir suffisamment de données pour impliquer d’autres produits, comme les anticorps monoclonaux, qui semblent se profiler. Il explique qu’il s’agit de « recommandations vivantes », régulièrement mises à jour et prêtes à fonctionner. Il souligne que ce processus a allié rigueur et « bon timing » puisqu’il n’est pas obsolète au moment où il est publié.

    En conclusion, ces recommandations peuvent être suivies en toute confiance, leur niveau de preuve étant suffisant et les auteurs n’ayant aucun conflit d’intérêt. L’évolution de ce travail colossal permettra d’étendre ce processus à d’autres domaines importants dans la prise en charge de l’infection par le COVID-19.

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    JDF