Oncologie
Cancer bronchique à petites cellules : quatre sous-types identifiés pour mieux adapter le traitement
Pour la première fois, des chercheurs américains ont identifié et à classé quatre sous-types de cancers bronchiques à petites cellules sur la base de l'expression des gènes, gage d'un meilleur ajustement du traitement de cette forme agressive de cancer du poumon.
- Dr_Microbe/iStock
Représentant 15 à 20% des cas de cancer du poumon, le cancer bronchique à petites cellules (CBPC) est connu pour sa croissance rapide et agressive, ainsi que sa résistance aux traitements standards et plus récents comme l’immunothérapie, le CBPC reste encore aujourd’hui un cancer avec un taux de mortalité élevé.
Une nouvelle étude, menée par des chercheurs du MD Anderson Cancer Center de l'université du Texas (États-Unis) et publiée dans la revue Cancer Cell, pourrait toutefois ouvrir la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques. Ces derniers ont en effet mis au point le premier cadre global permettant de classer le cancer bronchique à petites cellules en quatre sous-types uniques, sur la base de l'expression des gènes, et ont identifié des cibles thérapeutiques potentielles pour chaque type.
"Pendant des décennies, le cancer du poumon à petites cellules a été traité comme une seule et même maladie car les tumeurs se ressemblent toutes au microscope, même si elles se comportent très différemment, explique le Dr Lauren Averett Byers, professeure associée d'oncologie médicale thoracique et cervicale et autrice principale de l'étude. Notre étude fournit un nouveau système transformateur pour définir quatre grands groupes de cancer du poumon à petites cellules et, pour la première fois, une piste pour un traitement personnalisé du deuxième type de cancer du poumon le plus fréquent."
Un quatrième groupe à la "signature génétique inflammée"
Des études antérieures avaient déjà identifié trois sous-types possibles de CBPC, A, N et P. Ces derniers ont été confirmés par cette nouvelle étude, qui a adopté une approche bioinformatique auprès de 276 patients atteints de CBPC à un stade-avancé. Celle-ci a confirmé qu’il existait une "signature" de 1 300 gènes et a même confirmé l’existence d’un quatrième groupe, I, qui a un "paysage immunitaire unique" et une "signature génétique inflammée", écrivent les auteurs de l’étude.
"Notre article montre que le groupe inflammé a une biologie et un environnement distincts et tend à être plus réactif à l'immunothérapie, explique le Dr Byers. L'identification du groupe inflammé est très importante car jusqu'à présent, il n'existait pas de biomarqueurs validés pour le cancer bronchique à petites cellules qui permettent de prédire quels patients tirent le plus grand bénéfice de l'immunothérapie."
Selon la chercheuse, ces résultats pourraient déboucher sur une nouvelle prise en charge thérapeutique du CBPC en fonction du sous-type auquel appartient le cancer. "L'immunothérapie plus la chimiothérapie est actuellement la colonne vertébrale du traitement de tous les patients atteints d'un cancer bronchique à petites cellules avancé, mais tous les patients ne ressentent pas les mêmes avantages, relate le Dr Carl Gay, professeur adjoint d'oncologie médicale thoracique et cervicale et co-auteur principal. Nos résultats permettent de réfléchir à des approches d'immunothérapie spécifiques au groupe inflammé, qui présente un microenvironnement très différent, séparément des approches combinées qui pourraient activer la réponse immunitaire dans les trois autres groupes."
Vers un traitement personnalisé du CBPC
L'un des défis connus du CBPC est qu'il développe souvent une résistance au traitement, même après une réponse initiale. Pour déterminer si le "changement de sous-type" entraîne une résistance, les auteurs ont utilisé le séquençage de l'ARN d'une seule cellule pour évaluer l'évolution de la tumeur dans une série de modèles de CBPC dérivés de patients. L’étude suggère ainsi que le CBPC de sous-type A a tendance à passer en sous-type I après avoir été traité par chimiothérapie, ce qui pourrait contribuer à la résistance au traitement.
La mise au point de ce cadre de sous-type de CBPC a de nombreux avantages. Il pourra notamment permettre de mieux cibler les vulnérabilités thérapeutiques de chaque groupe dans les futurs essais cliniques. "Nous pouvons maintenant développer des stratégies plus efficaces pour chaque groupe dans les essais cliniques, en tenant compte du fait qu'ils ont chacun une biologie différente et des cibles médicamenteuses optimales", affirme le Dr Byers. Selon elle, cette découverte "représente un énorme pas en avant dans la compréhension des médicaments qui fonctionnent le mieux pour chaque patient et ouvre la voie à des approches personnalisées pour le cancer bronchique à petites cellules".








