Pneumologie

Grande prématurité : confirmation de la présence de séquelles dysplasiques à l’âge adulte

Chez les grands prématurés, le syndrome obstructif persiste lors de la croissance et la fonction respiratoire reste altérée à l'âge de 25 ans, malgré l'administration initiale de surfactant. D’après un entretien avec Christophe Delacourt.

  • 21 Nov 2019
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    Une étude australienne, dont les résultats sont parus en septembre 2019, dans Thorax, a cherché à comparer le débit expiratoire chez d’anciens prématurés à l’âge de25 ans et entre 18 et 25 ans. Deux groupes ont été évalués: un groupe atteint de dysplasie broncho-pulmonaire et un groupe témoin non atteint. Les résultats ont montré que les sujets prématurés atteints de dysplasie respiratoire ont une fonction pulmonaire plus faible que les sujets témoins.

    Des résultats rappelant ceux de la cohorte Epipage

    Le Professeur Christophe Delacourt, responsable de l’Unité de Pneumologie Pédiatrique de l’hôpital Necker, explique que cette étude constitue une preuve supplémentaire permettant de dire que le syndrome obstructif persiste au cours de la croissance des grands prématurés. Il rappelle alors les résultats de l’étude française Epipage, qui montrait déjà que malgré la bonne qualité de prise en charge des grands prématurés à la naissance avec l’apport de surfactant, le déficit obstructif persiste à l’âge adulte. Il s’agit de la confirmation du phénomène de « couloir » qui n’est pas modifié pendant l’enfance ni l’adolescence. Christophe Delacourt précise que, dans l’étude australienne, seul le facteur « prématurité » est pris en compte alors que l’étude Epipage a montré que les évènements sifflants survenant avant l’âge de 5 ans aggravaient significativement la fonction respiratoire par rapport à la prématurité seule, évoquant une synergie possible entre la prématurité et un facteur aggravant.

    Une disparition des sifflements mais pas du syndrome obstructif

    Christophe Delacourt explique qu’il existe une discordance entre l’anomalie fonctionnelle qui reste identique à l’âge adulte et les symptômes qui deviennent moins fréquent, puisque la fréquence du sifflement s’amenuise avec l’âge. A 25 ans, il n’y a pas de différence entre le groupe témoin et le groupe des prématurés en ce qui concerne les symptômes de l’asthme, alors que cette différence existe à l’âge de 8 ans. Le profil d’hyperréactivité bronchique des anciens prématurés n’est pas celui des asthmatiques standards: il n’a pas de composante inflammatoire mais est lié à un facteur de développement. Le sifflement diminue car le calibre bronchique augmente tout en restant inférieur à la normale. Christophe Delacourt émet l’hypothèse que le syndrome obstructif n’est pas lié à des séquelles d’agression ventilatoire à la naissance, puisque la VNI est de plus en plus utilisée, mais à un déficit de croissance lié à la prématurité.

    En conclusion, cette étude vient conforter les résultats des grandes cohortes européennes confirmant la persistance, à l’âge adulte, du syndrome obstructif chez les anciens prématurés. L’évolution vers une BPCO à l’âge adulte est envisageable mais reste à prouver…

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    JDF