Médecine d'urgence

Fièvre du nourrisson : un nouvel test pour aider au diagnostic des infections bactériennes

Un nouveau test, réalisé à partir de 3 marqueurs biologiques simples, devrait permettre d’éliminer le diagnostic d’infection bactérienne et de réduire le recours à la ponction lombaire, la prescription d'antibiotiques et les hospitalisations.

  • Osobystist/istock
  • 20 Février 2019
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    En cas de fièvre chez un nourrisson de moins de 2 mois, un test composite, basé sur 3 paramètres biologiques simples, pourrait aider les médecins des urgences à éliminer les infections bactériennes les plus dangereuses chez ces enfants fragiles. Ce test devrait limiter le recours à une ponction lombaire et à un traitement antibiotique inutiles ou des séjours coûteux à hôpital.

    Des chercheurs du réseau de recherche appliquée en soins d'urgence pédiatriques (PECARN) ont élaboré un test d’aide au diagnostic à partir d'une étude financée sur fonds publics et portant sur plus de 1 800 nourrissons vus dans 26 services d'urgence des Etats-Unis.

    PECARN est un réseau de recherche composé de 18 services d'urgence pédiatrique et de 9 agences de services médicaux d'urgence aux Etats-Unis. Il est financé par le Maternal and Child Health Bureau. Les résultats sont publiés dans le JAMA Pediatrics.

    Une aide au diagnostic clinique

    Le nouvel test composite a été construit à partir de la recherche des bactéries dans les urines, du dosage de la procalcitonine sérique (produite en réponse à une infection bactérienne) et du comptage du nombre de polynucléaires neutrophiles dans le sang (spécialement augmentés en cas d’infection bactérienne).

    Dans une cohorte de 1821 nourrissons fébriles de moins de 2 mois, cent-soixante-dix, soit seulement 9,3%, ont eu réellement une infection bactérienne grave ou potentiellement grave. En utilisant une analyse statistique particulière (analyse de partitionnement récursive) pour tester la validité diagnostiques des critères biologiques éventuellement discriminant entre infection virale ou bactérienne, une règle de prédiction de risque faible d’infection bactérienne a été réalisée à partir de 3 variables banales : analyse d'urine normale, nombre absolu de polynucléaires neutrophiles ≤ 4090/μL et procalcitonine sérique ≤ 1,71 ng/mL.

    La sensibilité de cet algorithme éliminant les infections bactériennes graves est de 97,7%, sa spécificité de 60,0% et sa valeur prédictive négative de 99,6%. Aucune méningite bactérienne n'a été manquée par ce test chez ces nourrissons.

    Une réponse à une attente des médecins urgentistes

    Des études antérieures suggèrent que 8 à 13% des nourrissons fébriles âgés de moins de 2 mois peuvent avoir une infection bactérienne grave, des chiffres proches de ceux retrouvés dans cette étude. Ces infections comprennent des infections urinaires, des épisodes de bactériémie et des méningites bactériennes. Le problème est que la fièvre est souvent le seul signe clinique visible chez ces très jeunes enfants et l’examen clinique ne permet pas à lui seul de séparer les enfants qui ont une infection virale de ceux qui ont une infection bactérienne potentiellement grave. Les tests basés sur le transcriptome sont potentiellement intéressant mais n’ont pas encore été mis au point et validés.

    La plupart du temps, un médecin devra donc confirmer ou éliminer le diagnostic avec une ponction lombaire qui permet de recueillir une petite quantité de liquide céphalo-rachidien et de l’analyser. Bien que les complications de la ponction lombaire soient rares, cette ponction peut donner une inflammation du canal rachidien, des saignements et des maux de tête. En outre, un nourrisson peut recevoir des antibiotiques inutiles lorsqu'une infection bactérienne est suspectée, avec un risque d’allergie ou de résistance, et peut être admis à l'hôpital pendant plusieurs jours en observation.

    Avec ce test, il est possible d’exclure avec précision tous les cas d’infections bactérienne (sauf trois sur 170 syndromes fébriles testés), et en particulier tous les cas de méningite. Ces résultats très prometteurs doivent être vérifiés dans une étude plus large avant de pouvoir être appliqués en pratique quotidienne.

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