Rhumatologie
Maladies auto-immunes : le switch d’un anti-TNF par son biosimilaire est efficace
Les polyarthrites rhumatoïdes et les autres rhumatismes inflammatoires stables sous infliximab peuvent passer à son biosimilaire sans compromettre la rémission de la maladie, ni la tolérance.
- David Hodges/REX/REX/SIPA
L’étude nationale norvégienne de 52 semaines, appelé NOR-SWITCH chez 482 patients adultes souffrant de polyarthrite rhumatoïde ou d’un rhumatisme auto-immun, montre que passer de l’anti-TNF initial (l’infliximab) à son biosimilaire (CT-P13) ne conduit pas à une dégradation du niveau de rémission, ni ne compromet la sécurité ou l'immunogénéité.
En terme de pourcentage de patients avec aggravation de la maladie (critère principal de l’étude), les deux groupes sont similaires : 26% dans le groupe infliximab et 30% dans le groupe biosimilaire. L'IC à 95% de la différence de traitement ajustée est de -4.4% (-12.7 à 3.9) et se situe dans la marge de non-infériorité prédéfinie (15%).
Un essai réalisé par l’agence de santé norvégienne
Il s’agit d’un essai de phase 4, réalisé dans 40 centres norvégiens par les autorités de santé norvégiennes. Les patients adultes souffrant d’une maladie auto-immune et avec un traitement stable par l’infliximab pendant au moins six mois ont été randomisés, soit pour continuer l’infliximab (241 patients) au même dosage, soit pour prendre le biosimilaire (CT-P13) à la place (241 patients) et à un dosage équivalent. Le critère principal est une aggravation de la maladie lors du suivi de 52 semaines.
L'analyse finale comprend des malades atteints de la maladie de Crohn (32%), de rectocolite hémorragique (19%), de spondylarthrite (19%), de polyarthrite rhumatoïde (16%), de rhumatisme psoriasique (6%) et de psoriasis en plaques chronique (7%).
Une tolérance identique
La fréquence des événements indésirables est similaire entre les groupes pour les événements indésirables graves (24 [10%] pour l'infliximab contre 21 [9%] pour le biosimilaire), pour l’ensemble des effets indésirables (168 [70%] vs 164 [68%]), et pour les événements indésirables conduisant à l'arrêt du traitement (9[4%] vs huit [3%], respectivement ; différence non-significative).
En pratique
Bien que le suivi des études et les études observationnelles aient montré que le switch d’un anti-TNF par son biosimilaire ne pose pas de problème majeur, il s'agit du premier essai randomisé en double-aveugle chez des patients stables sur la substitution d'un biologique à son biosimilaire. Les résultats ne supportent pas les préoccupations médecins selon lesquelles les biosimilaires pourraient ne pas convenir à des patients stables.
Bien que la conception de l'étude ne permette pas de tirer des conclusions au niveau individuel, ses résultats confirment que, chez des malades avec maladie auto-immune stable sous infliximab, celui-ci peut être remplacé sans risque par son biosimilaire.
Le biosimilaire de l’infliximab (CT-P13) est approuvé aux États-Unis depuis 2016 par la Food and Drug Administration pour la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, le rhumatisme psoriasique et le psoriasis en plaques chronique grave. Aux États-Unis, plusieurs autres biosimilaires des anti-TNF ont été approuvés ou sont en cours d’approbation. Dans l'Union européenne, le premier biosimilaire a été approuvée en 2006 et près d’une trentaine de nouveaux biosimilaires ont depuis été approuvés pour différentes maladies.
Les biosimilaires permettent des économies qui sont substantielles : en Norvège, les estimations montrent que le coût du traitement par le biosimilaire pourrait être entre 40 et 70 % du coût de la biothérapie d'origine. Pourtant, en l'absence d'essais cliniques sur le switch, les médecins avaient été réticents jusqu’içi à modifier le traitement biologique de patients stables, indépendamment des économies de coûts potentielles. Ces craintes semblent désormais devoir être sans fondement.








