Onco-Thoracique
CBNPC : de quoi combattre la progression sous Osimertinib ?
L'étude COMPEL montre que l’ajout de la chimiothérapie en add-on de l’osimertinib en cas de progression sous osimertinib seul est confirmée comme une stratégie apportant un bénéfice aux patients mutés EGFR atteints d’un CBNPC avancé.
- Mohammed Haneefa Nizamudeen/iStock
Jusqu’à récemment, les patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) mutés EGFR (mutation commune L858R ou del19 de l’EGFR) se voyaient prescrire un traitement de première ligne métastatique par osimertinib en monothérapie, inhibiteur de tyrosine kinase de 3ème génération ciblant le récepteur EGFR. Le paysage du traitement de première ligne se modifie avec l’arrivée des résultats des essais FLAURA2 (association osimertinib-chimiothérapie dès la première ligne, pas d’AMM actuellement) et MARIPOSA (association lazertinib et amivantamab dès la première ligne, remboursement autorisé depuis juillet 2025).
Concernant la deuxième ligne, à progression sous osimertinib seul, le paysage est aussi en train de se modifier. L’option de 2ème ligne après échec de l’osimertinib seul est aujourd’hui l’association chimiothérapie-amivantamab qui a montré sa supériorité face à la chimiothérapie seule (résultats de l’essai MARIPOSA-2, avec un accès actuellement en accès précoce). Les résultats de COMPEL rapportés dans l’article ici présente offrent une nouvelle alternative à progression sous osimertinib en monothérapie : l’ajout en add-on de la chimiothérapie à base de doublet de sel de platine en maintenant l’osimertinib.
L’essai COMPEL est une étude de phase III, en double aveugle randomisant les patients dans le groupe expérimental osimertinib + chimiothérapie à base de doublet de platine associé au pemetrexed, versus placebo + chimiothérapie à base de doublet de platine associé au pemetrexed. La chimiothérapie était poursuivie pour 4 cycles, avec dans les suites une maintenance par pemetrexed et poursuite de l’osimertinib. La dose d’osimertinib était de 80mg quotidiennement.
L’essai COMPEL
Les résultats de l’essai COMPEL publiés dans l’ESMO Open en sept 2025 rapportent une amélioration de la PFS et de l’OS en associant la chimiothérapie à l’osimertinib en 2ème ligne versus la chimiothérapie seule.
Au total, 98 patients ont été randomisés soit dans le bras osimertinib + chimiothérapie (n=49), soit dans le bras placebo + chimiothérapie (n=49).
La médiane de PFS était de 8,4 mois [IC95% : 5,7-11,8] dans le bras expérimental osimertinib + chimiothérapie versus 4,4 mois [IC95% : 3,5-5,6] dans le bras contrôle, HR=0,43, IC95% :0,20-0,70]. La médiane de survie globale était de 15,9 mois [IC95% :12,4-20,8] dans le bras expérimental versus 9,8 mois [IC 95% : 8,4-17,2] dans le bras contrôle [HR=0,71, IC95%:0,42-1,23, avec un IC englobant la valeur 1 ne permettant pas une différence d’OS statistiquement significative]. L’add-on de chimiothérapie à l’osimertinib prolonge donc de façon statistiquement significative la survie sans progression comparativement à la chimiothérapie. Les données d’OS ne sont statistiquement conclusives, mais on rappelle qu’elles ne l’étaient pas non plus concernant les données de l’étude MARIPOSA 2, même si la tendance était de même en faveur de l’association expérimentale versus chimiothérapie.
Une proposition efficace en 2ème ligne sur le contrôle cérébral
Près d’un quart des patients présentaient à la baseline une maladie avec atteinte cérébrale (22% dans le bras expérimental et 24% dans le bras contrôle). Le taux de survie sans progression intra-cérébrale était chez ces patients à 6 mois de 82% [IC95%: 45-95%] dans le bras experimental avec la combinaison osimertinib + chimiothérapie versus 56% [IC95%: 20%-80%] dans le bras contrôle. La médiane de PFS intra-cérébrale était de 15,9 mois [IC95% :7,9-18,6mois] dans le bras expérimental versus 8,6 mois [IC95% : 5,6-19,4 mois] dans le bras contrôle.
Une toxicité de l’association osimertinib + chimiothérapie rassurante
La médiane de durée de maintenance du pemetrexed était de 6,4 mois. Les évènements indésirables toute case de grade ≥ 3 étaient retrouvés dans 63% des patients du groupe expérimentak versus 46% des patients du groupe contrôle. L’évènement indésirable de grade ≥ 3 le plus fréquemment rapporté dans le bras expérimental associant osimertinib + chimiothérapie était la neutropénie (15 %) et l’anémie (13 %).
A noter que les courbes de survie concernant l’OS (disponible dans les figures supplémentaires) se croisent à environ 2 mois du début du traitement. Il s’agit donc de rester extrêmement vigilants dans les 2 premiers mois d‘introduction de la chimiothérapie en add-one de l’osimertinib pour limiter la potentielle toxicité sur la survie de cette association en tout début d’initiation.
Pour conclure, les résultats de COMPEL valident la pratique d’associer la chimiothérapie à base de platine + pemetrexed en add-on de l’osimertinib à progression sous osimertinib en monothérapie. La stratégie pour favoriser cette association osimertinib+ chimiothérapie ou amivantamab + chimiothérapie n’est pas clairement établie à ce jour. Les patients de COMPEL risquent cependant d’être un groupe de patients en diminution étant donné que les patients vont pouvoir recevoir une association osimertinib-chimiothérapie dès la première ligne (résultats FLAURA2), même s’il n’y a pas d’AMM pour cette prise en charge à ce jour.








