Covid-19 et grossesse : un sur-risque d'autisme et de troubles neurodéveloppementaux

Une étude de cohorte américaine montre une augmentation des diagnostics d'autisme et de de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants exposés in utero au SARS-CoV-2. Le risque est accru en cas d’infection au troisième trimestre et chez les garçons.

Les infections maternelles pendant la grossesse sont associées à un risque accru de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, indépendamment d’une transmission verticale du pathogène. La Covid-19 n’échappe pas à cette règle, comme le montre une vaste étude menée par le réseau hospitalier Mass General Brigham, portant sur 18 124 naissances entre mars 2020 et mai 2021. Les auteurs ont examiné le lien entre une infection maternelle au SARS-CoV-2 pendant la grossesse et la survenue de diagnostics de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant avant 36 mois.

Selon les résultats publiés dans Obstetrics & Gynecology, sur les 861 enfants exposés in utero, 16,3 % ont reçu un diagnostic de troubles neurodéveloppementaux avant 3 ans, contre 9,7 % des enfants non exposés. Après ajustement sur les facteurs de confusion (âge maternel, origine ethnique, type d’assurance, prématurité…), l’association reste significative (aOR : 1,29 ; IC à 95 % : 1,05–1,57 ; p = 0,01), suggérant un effet durable de l’infection maternelle sur le développement neurologique fœtal.

Des effets majorés au troisième trimestre et chez les garçons

L’analyse des sous-groupes met en évidence une vulnérabilité accrue dans certaines situations. Le risque est plus élevé en cas d’infection survenant au troisième trimestre (aOR : 1,36 ; IC à 95 % : 1,07–1,72) et chez les garçons (aOR : 1,43 ; IC à 95 % : 1,05–1,91).

Ces résultats prolongent les observations précédentes à 12 et 18 mois, et s’accordent avec les données expérimentales montrant une susceptibilité particulière du cerveau masculin à l’activation immunitaire maternelle. Le troisième trimestre représente également une phase critique de la maturation cérébrale, ce qui pourrait expliquer une sensibilité accrue à l’inflammation systémique maternelle.

Les diagnostics les plus fréquents incluent des retards de langage, des troubles moteurs et des troubles du spectre autistique. Les auteurs notent également que l’association entre Covid-19 et prématurité (bien documentée) est bien retrouvée dans cette cohorte, renforçant la validité des classifications d’exposition.

Une association désormais démontrée jusqu’à l’âge de 3 ans

L’étude repose sur l’analyse rétrospective de dossiers médicaux électroniques au sein d’un réseau hospitalier intégré. Le statut infectieux maternel a été défini par test PCR positif pendant la grossesse, dans un contexte de dépistage systématique à l’admission obstétricale, ce qui a permis une classification rigoureuse de l’exposition.

Les enfants ont été suivis jusqu’à l’âge de 3 ans, avec identification des diagnostics à partir des codes CIM-10. La population étudiée était majoritairement non vaccinée, ce qui permet d’isoler l’effet propre de l’infection virale, sans interférence vaccinale. Les biais potentiels — comme l’absence d’évaluation standardisée ou un suivi hors réseau — sont reconnus, mais tendent à atténuer les associations observées.

Selon les auteurs, ces résultats appellent à renforcer la surveillance du développement des enfants exposés à une infection à SARS-Cov-2 in utero, en particulier les garçons nés après une infection maternelle tardive. Ils soulignent également l’importance de la prévention des infections pendant la grossesse, notamment par la vaccination. Des études à plus long terme permettront de mieux caractériser la nature et la persistance de ces troubles.