Pneumologie
Un outil numérique pour auto-améliorer son contrôle de l'asthme.
Le développement des outils numériques dans l’auto-gestion des maladies chroniques ne cesse de s’accroître. Une application numérique de contrôle de l’asthme vient d’être développée avec la particularité de pouvoir évaluer la symptomatologie nocturne des patients. D’après un entretien avec Gilles DEVOUASSOUX.
Une étude dont les résultats sont parus en août 2025 dans le JAMA Network Open, a cherché à démontrer l’efficacité d’un outil numérique dans l’auto-gestion de l’asthme non contrôlé. Pour cela, les auteurs ont réalisé une étude randomisée qui a évalué l'effet d'un programme numérique d'autogestion de l'asthme (DASM) sur les symptômes de l'asthme chez les adultes. Au total, 901 patients asthmatiques ont été répartis en deux groupes, l’un recevant l'application DASM et l’autre des soins habituels. L'application proposait des notifications personnalisées, un suivi des symptômes et une évaluation nocturne. Le critère principal était l'évolution du score ACT (test de contrôle de l'asthme). Les résultats secondaires incluaient l'engagement des participants et leur observance médicamenteuse. L’étude a inclus une population diversifiée, majoritairement féminine, avec une moyenne d’âge de 36 ans, d’origines ethniques différentes
Une évaluation du sommeil innovante
Le professeur Gilles DEVOUASSOUX, chef du service de pneumologie de l’Hôpital de la Croix Rousse, à Lyon, rappelle que ce n’est pas la première fois que des travaux sont réalisés sur le rôle des applications mobiles dans le suivi des maladies chroniques. La promotion de ce type de prise ne charge, grâce à des outils variés, tend vers une plus grande autonomie des patients. Dans le cas de cette étude, une application utilisable sur smartphone permet d’évaluer l’état de santé et les symptômes respiratoires des patients asthmatiques et de proposer des consignes sur la conduite à tenir. Gilles DEVOUASSOUX souligne que, ce qui est innovant, est la possibilité de placer un capteur au niveau du matelas pour enregistrer les symptômes nocturnes et évaluer le sommeil car les patients asthmatiques sont souvent soumis à des réveils nocturnes qui augmentent leurs fréquences cardiaque et respiratoire. Il félicite la méthodologie robuste et le grand nombre de patients inclus. Les résultats sont très positifs puisque le questionnaire ACT a été amélioré de 4 points, chez des patients qui n’étaient pas contrôlés au départ. De plus l’utilisation de ce programme d’autogestion chez les patients initialement contrôlés a montré un maintien prolongé du contrôle.
Quelques facteurs limitants
Gilles DEVOUASSOUX explique que quelques facteur limitants ont été relevés. En effet, la question de savoir si ce modèle peut supporter la contrainte dans la vraie vie et être tenable sur le long cours se pose. Il faudra sans doute quelques « cures de rappel ». Toutefois, Gille DEVOUASSOUX précise que ce type de prise en charge peut convenir à un certain prototype de patient, très habitués notamment à l’utilisation du numérique. Il souligne également que les auteurs ont précisé que ce système fonctionnait moins bien en fonction de l’origine ethnique et que la race afro-américaine constituait un facteur influençant, ce qui est très discutable, car cela pourrait plutôt correspondre à un manque d’accès aux soins en raison de difficultés sociales.
En conclusion, les outils numériques de suivi de l’asthme peuvent apporter une amélioration dans le contrôle de la maladie, notamment avec les nouvelles applications numériques d’auto-gestion à surveillance nocturne. Ces programmes ne sont toutefois pas appropriés à toutes les populations et doivent être étudiés sur un plus long terme.








