Hépatologie

MASH : bénéfice histologique prometteur du sémaglutide sur la fibrose hépatique

Chez les patients atteints de stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique (MASH) avec fibrose hépatique modérée ou avancée, le sémaglutide 2,4 mg hebdomadaire améliore significativement les lésions histologiques hépatiques. Il s’agit d’une avancée majeure potentielle dans une pathologie sans traitement validé.

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  • 01 Mai 2025
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    Le sémaglutide, un agoniste du GLP-1 déjà utilisé dans le diabète de type 2 et l’obésité, a été évalué dans l’étude de phase 3 ESSENCE pour son efficacité dans la stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique (MASH).

    Publiés dans le New England Journal of Medicine, les résultats de l’analyse intermédiaire après 72 semaines de traitement chez 800 patients montrent des résultats significatifs : une résolution de la stéatohépatite sans aggravation de la fibrose chez 62,9 % des patients sous sémaglutide contre 34,3 % sous placebo (différence estimée : +28,7 points ; p<0,001), et une réduction de la fibrose sans aggravation de la stéatohépatite chez 36,8 % versus 22,4 % (différence : +14,4 points ; p<0,001). Ces deux critères primaires confirment un effet histologique significatif du traitement.

    Des effets métaboliques et une tolérance globalement satisfaisante

    L’analyse des critères secondaires renforce ces résultats : la combinaison des deux critères primaires est atteinte chez 32,7 % des patients traités (vs 16,1 % ; p<0,001). La perte de poids moyenne atteint −10,5 % sous sémaglutide contre −2,0 % sous placebo. L’amélioration des marqueurs non invasifs (ALT, AST, élasticité hépatique, ELF, PRO-C3) et des paramètres cardiométaboliques (poids, glycémie, insulinorésistance) suggère une action systémique bénéfique.

    Les effets indésirables, essentiellement digestifs, sont plus fréquents dans le groupe sémaglutide mais sans nouveau signal de sécurité. À la semaine 72, 89,3 % des patients poursuivaient le traitement, témoignant d’une bonne acceptabilité clinique.

    Une étude robuste, mais encore en cours : quels impacts sur la pratique ?

    ESSENCE est un essai multicentrique, randomisé, en double aveugle, portant sur 1197 patients atteints de MASH avec fibrose stade 2 ou 3, traités pendant 240 semaines. Cette analyse intermédiaire s’appuie sur les 800 premiers patients évalués à 72 semaines. Les résultats sont donc préliminaires, mais déjà plus convaincants que ceux d’un essai de phase 2 antérieur (0,4 mg/j). Les biais restent limités, malgré la sous-représentation des patients afro-américains et l’absence de données sur les consommations alcooliques ou les polymorphismes génétiques.

    Selon les auteurs, ces données soutiennent une approche thérapeutique intégrant les agonistes du GLP1 chez des patients souvent pluripathologiques (obésité, diabète, risque cardiovasculaire), avec un bénéfice potentiel sur le pronostic hépatique. Reste à confirmer l’effet du sémaglutide sur des critères cliniques « durs » (cirrhose, décompensation, mortalité), condition indispensable à une autorisation complète. Des études complémentaires sont nécessaires, notamment chez les patients non obèses ou avec cirrhose avérée.

     

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    JDF