Infectiologie

VIH : 2 fois plus d’hypogonadismes chez les hommes sous antirétroviraux

Les hommes de moins de 50 ans, séropositifs pour le VIH et traités par antirétroviraux, ont 2 fois plus de risque d’hypogonadisme qu’une population appariée.

  • DenisNata/epictura
  • 03 Février 2017
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    Dans une étude observationnelle sur 113 hommes VIH+ de moins de 50 ans le taux de testostérone libre est inférieur à 70 pg/ml chez 12,4% d’entre eux. Le principal symptôme est une dysfonction érectile.

    Cette proportion est le double de celle observée dans la population générale aux mêmes âges et correspond à une prévalence que l’on pourrait observer dans une population plus âgée. C’est la conclusion d’une petite étude observationnelle française publiée dans AIDS.

    Une étude observationnelle française

    Il s’agit d’une étude réalisée à l’hôpital Claude-Bernard et à l’hôpital de Tourcoing sur 113 hommes séropositif, de 41 ans d’âge médian, et infectés depuis 6 ans en médiane, sans SIDA. La charge virale était contrôlée par un traitement antirétroviral et le taux de CD4+ était de 627 cellules/microlitre.

    Un taux faible de testostérone totale est observé chez 4,4% des patients suivis, mais les auteurs ont préféré utiliser la testostérone libre.

    Un lien avec l’âge et la durée d’infection

    De façon assez prévisible, l’âge est associé au risque d’hypogonadisme avec un âge médian des patients hypogonadiques de 45,5 ans versus 41 ans chez les autres.

    Les patients hypogonadiques ont également une durée d’infection plus élevée avec une médiane de 9 ans versus 6 ans pour les autres. La durée du traitement antirétroviral est également supérieure : 76 mois contre 44 mois. Les auteurs estiment que le risque d’hypogonadisme augmente au-delà de 5 ans, durée qui pourrait constituer un seuil.

    D’autres facteurs de risque

    Cette étude laisse également envisager que le risque d’hypogonadisme soit en lien avec une classe particulière d’antirétroviraux, les inhibiteurs de l’intégrase. Cette observation est réalisée pour la première fois et nécessite une confirmation.

    L’hypogonadisme serait également associé à un pourcentage de masse grasse supérieur à 19% de la masse corporelle totale.

    En pratique

    Les dysfonctions érectiles peuvent survenir chez les hommes séropositifs pour le VIH et cette étude confirme la prévalence non-négligeable de l’hypogonadisme dans cette population. Elle donne quelques facteurs de risque d’hypogonadisme chez les patients séropositifs traités, en particulier par certains antirétroviraux, les inhibiteurs de l’intégrase.

    Un dépistage de l’hypogonadisme avec un test fiable pourrait constituer un élément important de la prise en charge des hommes séropositifs pour le VIH. Récemment, une étude américaine contrôlée par les Centers for Disease Control est revenue sur la définition de l’hypogonadisme. Elle a utilisée la testostéronémie totale, plus fiable, et a soulignée la variabilité des mesures en fonction des techniques utilisées.

    La plage normale standardisée pour la testostéronémie totale dans une population d'hommes non-obèses, âgés de 19 à 39 ans, en Europe et aux Etats-Unis est désormais fixée à 264-916 ng/dL. Il convient donc plutôt d’utiliser la testostéronémie totale et si les valeurs mesurées sont en-dessous de ces nouvelles mesures de référence, on peut évoquer ce diagnostic.

    Si du citrate de sildénafil (Viagra®) est prescrit pour traiter les troubles de l’érection, il est important de vérifier qu’il n’y a pas d’interactions médicamenteuses dangereuses avec les traitements pris en général, et particulièrement les médicaments anti-VIH. Certains inhibiteurs de la protéase peuvent provoquer des niveaux dangereusement élevés de Viagra®.

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