Hématologie

Chimiothérapie intensive : un régime alimentaire standard ne semble pas augmenter le risque infectieux

Les patients atteints d’hémopathies malignes traités par chimiothérapie intensive doivent souvent suivre un régime alimentaire dit « protégé », afin de réduire le risque infectieux. Dans cette étude, le régime non restrictif chez des patients recevant une chimiothérapie intensive ne semble pas augmenter le risque infectieux, en comparaison au régime protégé.

  • Magda Tymczyj/istock
  • 30 Oct 2023
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    Les infections sont la principale cause de morbi-mortalité pendant la période de neutropénie suivant une greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) allogéniques ou autologues. Durant cette période, les patients reçoivent habituellement un régime alimentaire dit « protégé ».

    Ce régime consiste en l’éviction d’aliments considérés comme pouvant augmenter le risque infectieux. Cependant, l’efficacité de cette pratique n’a jamais été validée de manière prospective.

    Différences entre régime protégé et non protégé

    Cet essai de non-infériorité, multicentrique, conduit en Italie, a comparé de manière prospective et randomisée un régime protégé (RP) à un régime non restrictif (RNR), chez des patients recevant une chimiothérapie intensive ou une greffe de CSH allogéniques ou autologues. Au total, 222 patients ont été inclus ; 175 patients (79%) ont reçu une autogreffe, 41 (18%) une allogreffe, et 6 (3%) une chimiothérapie intensive. Parmi eux, 117 patients ont reçu un régime protégé, et 113 un régime non restrictif.

    Les deux régimes autorisaient la viande et le poisson cuits, le pain, les desserts en préparation industrielle. Le régime non restrictif autorisait également la consommation de fruits et légumes crus (uniquement cuits, ou fruits à peau épaisse et pelés pour le régime protégé), de fromages à pâte cuite non pasteurisé (uniquement pasteurisés pour le RP), d’œufs cuits (lyophilisés pour le RP), de yaourts pasteurisés, de miel, et de charcuteries (interdits pour le RP).

    Le régime non restrictif n’augmente pas le risque infectieux

    Il n’y a pas de différences entre les 2 bras en termes d’incidence d’infections de grade ³2, ni de décès. En analyse multivariée, les facteurs associés à une diminution des infections de grade ³2 sont : un diagnostic de myélome multiple, une prophylaxie par fluoroquinolones, l’absence de mucite. Il n’était pas observé de différences entre les deux bras concernant la durée d’hospitalisation, l’incidence des mucites, le taux d’infections gastro-intestinales, les paramètres nutritionnels (poids, taux d’albumine).

    L’incidence de réaction aigue du greffon contre l’hôte, chez les patients allogreffés, était similaire dans les deux bras. Le régime non restrictif était associé à une meilleure qualité de vie.

    Conclusion

    Le régime non restrictif n’est pas inférieur à un régime protégé, n’entraine pas plus de complications, et est mieux toléré par les patients. Il aurait été intéressant de comparer le microbiote fécal entre les deux bras.

     

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    JDF