Psychologie : la recette du bonheur n’est pas la même pour tous

Une étude menée dans cinq pays sur 40.000 personnes révèle que les mécanismes psychologiques du bonheur varient fortement d’une personne à l’autre : nous ne devenons pas heureux de la même manière.

Augmenter ses revenus, déménager au bord de la mer, trouver l'amour... ou pratiquer la pleine conscience ? Depuis des années, les chercheurs débattent sur les meilleurs moyens d’accéder au bonheur. Une vaste étude internationale bouleverse aujourd'hui les théories dominantes en suggérant que la clé du bien-être est peut-être en réalité... unique à chacun.

Satisfactions concrètes ou état d’esprit ?

Publiée dans la revue Nature Human Behaviour, cette recherche a suivi plus de 40.000 personnes pendant jusqu'à 33 ans, dans cinq pays. Elle remet en question l'idée que nous fonctionnons tous psychologiquement de la même façon. En analysant l'interaction entre la satisfaction globale de vie et la satisfaction dans des domaines spécifiques (travail, santé, relations...), les chercheurs ont créé un modèle personnalisé pour chaque participant.

Traditionnellement, deux modèles s’opposent. Le modèle bottom-up (littéralement, du bas vers le haut), axée sur l’action, suppose que le bonheur provient de l’accumulation de satisfactions concrètes : une promotion, des relations saines, un travail qui nous plaît... Le modèle top-down (du haut vers le bas), davantage axé sur l’état d’esprit et la réflexion, postule au contraire que les personnes naturellement positives perçoivent leur vie de façon plus heureuse. Si un modèle bidirectionnel, mêlant les deux, a récemment pris le dessus dans la littérature scientifique, cette nouvelle étude le nuance fortement.

Les résultats sont en effet surprenants : seulement 20 à 25 % des participants suivent ce modèle bidirectionnel. Pour 41 à 51 % d’entre eux, le bonheur fonctionne de manière unidirectionnelle. "Ce que montre notre étude, c’est que les conseils généraux sur le bonheur peuvent être inefficaces, voire nuisibles, selon les personnes", soulignent les auteurs dans un communiqué.

Vers un bonheur sur mesure

Concrètement, si vous fonctionnez selon le modèle bottom-up, inutile de forcer sur la gratitude : améliorer vos conditions de vie serait plus bénéfique. Inversement, ceux au profil top-down gagneraient davantage à travailler leur regard sur la vie – grâce à la pleine conscience par exemple – qu'à tenter de tout changer.

Grâce à des outils statistiques avancés, les chercheurs ont pu suivre les trajectoires individuelles pendant près de 11 ans en moyenne, parfois plus de 30. "Quand on parle de bonheur, ce que l’on pense être vrai en moyenne ne l’est pas nécessairement pour chacun", insistent-ils. Moralité : ce qui rend votre voisin heureux n'a peut-être aucun effet sur vous. L'avenir de la psychologie du bonheur pourrait donc bien résider dans une approche sur mesure, à l'écoute de nos spécificités.