Diabétologie

Maladie cœliaque : risque cardiovasculaire accru malgré moins de facteurs de risque

Les personnes souffrant de maladie cœliaque ont moins de facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels mais ont pourtant un risque plus important de maladie cardiovasculaire que les personnes appariées sans intolérance au gluten. Un paradoxe à expliquer.

  • AndreyPopov/istock
  • 31 Jan 2023
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    Les recherches sont contradictoires quant à savoir si la maladie cœliaque est associée à un risque cardiovasculaire plus élevé, les études précédentes ayant été menées sur de petites cohortes ou en utilisant des données issues de registres avec des éléments sociodémographiques et de style de vie limités.

    Les personnes souffrant de maladie cœliaque ont moins de facteurs de risque connus de maladie cardiovasculaire, tels qu’une pression artérielle systolique, un cholestérol total et/ou un IMC… élevés, mais ont tout de même un risque plus élevé de développer une maladie cardiovasculaire, selon une étude menée par des chercheurs de l'Oxford Population Health, publiée en ligne dans la revue BMJ Medicine.

    Les raisons de ce paradoxe apparent ne sont pas claires, et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour découvrir les facteurs à l'origine de cette contradiction. Les auteurs de l'étude soulignent notamment le rôle du régime sans gluten, que les personnes concernées sont tenues de suivre pour atténuer leurs symptômes.

    Une nouvelle étude de la UK Biobank

    La UK Biobank est une étude observationnelle en population réelle qui a recruté environ un demi-million de personnes âgées de 40 à 69 ans en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles entre 2006 et 2010.

    Parmi ces personnes, 2 083 étaient atteintes d'une maladie cœliaque, mais sans maladie cardiovasculaire, au moment du recrutement. Leur santé cardiovasculaire a été suivie, à l'aide de dossiers hospitaliers et de certificats de décès, pendant un peu plus de 12 ans en moyenne.

    Les personnes atteintes de la maladie cœliaque sont plus souvent des femmes (56% contre 71,5%) et d'origine caucasienne (95% contre 99%) par rapport à celles qui n'en sont pas atteintes. Au cours de la période de surveillance, 40 687 diagnostics de maladies cardiovasculaires ont été enregistrés parmi tous les participants en vie de la UK Biobank.

    Plus d’évènements cardiovasculaires

    Quelque 218 de ces incidents sont survenus chez des personnes atteintes de la maladie cœliaque, soit un taux annuel de 9 sur 1000 personnes, contre un taux annuel de 7,4/1000 chez les personnes non atteintes.

    Cela se traduit par une augmentation de 27% du risque de maladie cardiovasculaire chez les personnes atteintes de la maladie cœliaque par rapport à celles qui n'en sont pas atteintes, après prise en compte d'un large éventail de facteurs potentiellement influents liés au mode de vie, à la médecine et aux maladies cardiovasculaires.

    Le risque cardiovasculaire semble augmenter avec l'ancienneté de la maladie : 30% chez les personnes atteintes de la maladie cœliaque depuis moins de 10 ans et 34% chez celles qui en sont atteintes depuis 10 ans ou plus.

    Moins de facteurs de risque traditionnels

    Les personnes atteintes de maladie cœliaque ont moins de facteurs de risque connus de maladies cardiovasculaires (notamment le surpoids ou l'obésité, une HTA, des antécédents de tabagisme et une hypercholestérolémie), car elles sont plus susceptibles d'avoir un IMC plus faible et une pression artérielle systolique plus basse.

    En outre, elles sont plus susceptibles d'avoir un score de risque cardiovasculaire dit "idéal" (23% contre 14%), et moins susceptibles d'avoir un score de risque "médiocre" (5% contre 9%) par rapport aux personnes sans maladie cœliaque.

    Lorsque les chercheurs ont étudié les effets conjoints potentiels de la maladie cœliaque et du score de risque cardiovasculaire sur l'incidence des maladies cardiovasculaires, le risque a augmenté de plus de 60% chez les personnes avec maladie cœliaque et présentant un score de risque idéal de maladie cardiovasculaire, par rapport à celles présentant un score de risque idéal mais pas de maladie cœliaque.

    Ajuster les scores de risque

    Il s'agit d'une étude observationnelle, qui ne peut donc pas établir de lien de cause à effet. Les chercheurs reconnaissent diverses limites à leurs résultats, notamment le fait que les facteurs de risque de maladie cardiovasculaire n'ont été mesurés qu'à un seul moment.

    On sait qu’un certain nombre de maladies auto-immunes sont associées à un risque accru de maladie cardiovasculaire en raison de l'inflammation systémique et il est également vrai que les produits alimentaires sans gluten ne sont pas toujours les plus diététiques : compositions faibles en protéines et en fibres, mais riches en sucre et en sel.

    Les personnes atteintes de la maladie cœliaque et leurs médecins doivent être conscients d’un risque cardiovasculaire plus élevé et prendre les mesures qui s'imposent, et en particulier, les scores de risque cardiovasculaire doivent être adaptés pour tenir compte du risque plus élevé chez les personnes avec intolérance au gluten. Par ailleurs, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les mécanismes qui sous-tendent cette association pernicieuse.

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    JDF