Neurologie

AVC hémorragiques : les statines en réduiraient également le risque

Les statines réduisent traditionnellement le risque d’AVC ischémiques, mais une nouvelle étude montre que leur utilisation serait associée à un risque également plus faible d'hémorragies intracérébrales, en particulier en cas de durée de traitement plus longue.

  • sittithat tangwitthayaphum/istock
  • 08 Déc 2022
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    Des études avec des résultats contradictoires ont été publiées sur l’association statine et risque d’hémorragie intracérébrale mais il était plutôt considéré qu’elles augmentaient le risque d’AVC hémorragique. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Neurology, semble mettre un terme en partie à ce débat.

    Les personnes participant à une étude cas-témoin ayant des statines pendant un certain temps ont vu leur risque d'AVC dans les zones lobaires du cerveau diminuer de 17% (aOR 0,83 ; IC à 95%, 0,70-0,98) et leur risque d'AVC dans les zones non-lobaires du cerveau diminuer de 16% (aOR 0,84 ; IC à 95%, 0,72-0,98).

    Lorsqu'elles ont utilisé une statine pendant plus de cinq ans, le risque d'accident vasculaire cérébral hémorragique a été réduit de 33% dans les zones lobaires et de 38% dans les zones non-lobaires.

    Les estimations stratifiées en fonction de la dose de statine seraient similaires aux estimations principales pour un traitement à dose faible à moyenne (aOR lobaire 0,82 ; aOR non lobaire 0,84) ; l'association avec un traitement à dose élevée était neutre.

    Une étude sur le registre national danois

    Les chercheurs ont utilisé les données des ordonnances et les dossiers médicaux de plus de 88 000 personnes inscrites dans les registres nationaux danois et n'ayant pas d'antécédents d'AVC. Dans la région du Danemark méridional (1,2 million d'habitants), ils ont identifié tous les premiers cas d'hémorragie intracérébrale entre 2009 et 2018 chez les personnes âgées de plus de 55 ans.

    Au cours de la période d'étude, 989 personnes (dont l'âge moyen était de 76 ans) ont eu un premier AVC hémorragique dans une zone lobaire du cerveau, et 1 175 (dont l'âge moyen était de 75 ans) en ont eu un dans les autres parties du cerveau.

    Les chercheurs ont établi une distinction entre les accidents cérébro-vasculaires lobaires et non-lobaires afin de pouvoir étudier les différences entre les accidents cérébro-vasculaires dans les différentes parties du cerveau ; les accidents cérébro-vasculaires non-lobaires sont souvent associés à une pression artérielle élevée.

    Les statines n’augmentent pas le risque d’AVC hémorragiques

    Cette étude cas-témoins présente certaines limites. Elle manque de données sur les co-morbidités sous-jacentes potentiellement importantes qui pourraient conduire à un AVC et d'autres informations sur les comportements qui pourraient augmenter le risque d'une personne, comme le tabagisme ou la consommation d'alcool. Des analyses supplémentaires seraient également nécessaires pour déterminer si les résultats seraient les mêmes dans des populations non-européennes.

    Certaines études ont suggéré que les personnes qui ont des antécédents d'accident vasculaire ischémique cérébral, peuvent avoir un risque plus élevé d’AVC hémorragique si elles prennent une statine. Un vaste essai en cours financé par les National Institutes of Health des États-Unis tente de déterminer si les personnes qui ont pris des statines et qui sont admises à l'hôpital pour un accident vasculaire cérébral hémorragique doivent continuer à prendre leur statine ou l'arrêter.

    D’après les experts, cette très large étude montre néanmoins ce qui est biologiquement logique : Le fait de prendre des statines et réduire l’athérosclérose de s'accumuler dans les artères rend les accidents vasculaires cérébraux hémorragiques moins probables.

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    JDF