Cardiologie

Risque cardiovasculaire : la vaccination contre la grippe réduit la mortalité

La vaccination contre la grippe réduit la morbidité et la mortalité cardiovasculaires, en particulier chez les personnes à haut risque cardiovasculaires, comme celles qui ont eu un syndrome coronaire aigu récent.

  • Prostock-Studio/istock
  • 09 Mai 2022
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    Une infection par la grippe est classiquement associée à une augmentation des hospitalisations et de la mortalité liées aux maladies cardiovasculaires, que ces évènements cardiovasculaires soient liés à une décompensation cardiaque secondaire à une pneumonie ou à un syndrome coronaire aigu en rapport avec l’inflammation systémique déclenchée par l’infection virale.

    Dans une méta-analyse de 6 essais contrôlés, incluant 9001 adultes randomisés entre la vaccination contre la grippe et un placebo (ou les soins standard), globalement, 3,6% des patients vaccinés ont eu un événement cardiovasculaire majeur dans les 12 mois suivants la vaccination contre 5,4% de ceux qui ont eu une vaccination placebo ou les soins standard, une différence absolue significative de 1,8%.

    En termes pratiques, cette différence se traduit par la nécessité de vacciner seulement 56 personnes pour prévenir un événement cardiovasculaire. Ce risque est, de plus, réduit de 45% chez les patients à haut risque cardiovasculaire, comme ceux ayant un syndrome coronaire aigu récent. L’étude est publiée dans JAMA Network Open.

    Une méta-analyse enrichie

    Six essais cliniques randomisés publiés comprenant un total de 9001 patients ont été inclus dans cette méta-analyse. Globalement, la vaccination contre la grippe est associée à un risque plus faible d'événements cardiovasculaires (3,6% contre 5,4% ; RR, 0,66 ; IC à 95%, 0,53-0,83 ; p < 0,001).

    Une interaction encore plus forte entre les évènements cardiovasculaires et la vaccination est détectée chez les patients à haut risque car ayant eu un syndrome coronaire aigu récent (RR, 0,55 ; IC à 95%, 0,41-0,75) par rapport à ceux n'ayant pas eu de syndrome coronaire aigu récent (RR, 1,00 ; IC à 95%, 0,68-1,47) (p pour l'interaction = 0,02).

    En ce qui concerne la mortalité cardiovasculaire, une interaction entre la vaccination est également détectée entre les patients ayant eu syndrome coronaire aigu récent (RR, 0,44 ; IC à 95%, 0,23-0,85) et ceux n'ayant pas eu de syndrome coronaire aigu récent (RR, 1,45 ; IC à 95%, 0,84-2,50) (p pour l'interaction = 0,006), ce qui aboutit à 1,7% des personnes vaccinées décédées de cause cardiovasculaire, contre 2,5% des personnes ayant reçu une vaccination-placebo ou le traitement standard (RR, 0,74 ; IC à 95%, 0,42-1,30 ; p = 0,29).

    Très fort effet en cas de risque cardiovasculaire élevé

    Avec l'ajout des données des études randomisée les plus récentes sur la vaccination à leur méta-analyse précédente, les auteurs sont désormais à même de démontrer une interaction significative entre les avantages de la vaccination contre la grippe dans la réduction de la mortalité cardiovasculaire et en fonction du risque cardiovasculaire sous-jacent. Ainsi, chez les patients ayant eu un syndrome coronaire aigu récent, la réduction du risque de décès cardiovasculaire est supérieure à 50% chez ceux qui ont reçu le vaccin contre la grippe saisonnière.

    Les effets-tailles rapportées ici pour les événements cardiovasculaires indésirables majeurs et la mortalité cardiovasculaire (chez les patients avec et sans syndrome coronaire aigu récent) sont ainsi comparables, voire supérieurs, à ceux qui sont obtenus traditionnellement avec les standard du traitement cardiovasculaire dans les recommandations internationale, tels que l'aspirine, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine, les β-bloquants, les statines et la bithérapie antiplaquettaire.

    En pratique

    Les patients souffrant de maladies cardiovasculaires ont souvent une réponse immunitaire inadéquate à la vaccination en raison de l'immunosénescence ou d’une inflammation systémique. Les résultats de cette méta-analyse suggèrent que la vaccination contre la grippe saisonnière est efficace à la fois sur la survenue des évènements cardiovasculaires et sur la mortalité cardiovasculaire : cette vaccination, bien que régulièrement critiquée et dénigrée, doit donc être maintenue absolument, au moins pour les patients à haut risque cardiovasculaire.

    En dépit d'une efficacité vaccinale et d'une réponse immunitaire potentiellement sous-optimales, la réduction potentielle du risque d'événements cardiovasculaires majeurs et de la mortalité cardiovasculaire obtenue, avec le vaccin actuel contre la grippe, est déjà très importante. Il est probable que les technologies vaccinales à venir, que l’on nous promet encore meilleures (vaccins à ARNm,…), auront le potentiel d'augmenter encore ce bénéfice protecteur.

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    JDF