Rhumatologie
Ostéoporose : les thiazidiques réduisent les fractures même en cas d'Alzheimer
Les thiazidiques réduisent le risque de fractures ostéoporotiques et ce, même au cours de la maladie d'Alzheimer, une affection où les chutes sont fréquentes.
- CreVis2/istock
Les diurétiques thiazidiques, couramment prescrits au cours de nombreux traitements anti-hypertenseurs, sont également associés à une diminution du risque de fractures à faible énergie chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude de l'Université de Finlande orientale publiée dans Osteoporosis International.
L'association est établie dans le cadre d'une prescription de plus de trois ans mais n’est pas validée lors d’une utilisation à court terme.
Une étude nationale
Les résultats sont issus d’une analyse du registre national MEDALZ menée à l'Université de Finlande orientale. Dans cette étude, 10 416 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ayant reçu un diagnostic de fracture à faible énergie ont été inclues et comparées à 31 099 personnes témoins appariées mais sans fracture.
Une réduction significative après 3 ans
L'utilisation de thiazidique est associée à une diminution de 17% du risque de fracture à faible énergie (OR ajusté [aOR] 0,83, IC à 95 % 0,77-0,88). En ce qui concerne la durée du traitement, aucune réduction significative n’est observée avec une utilisation à court terme (moins d’un an ou 1 à 3 ans), tandis qu'une utilisation à long terme (plus de 3 ans) est associée à un risque réduit de 23% des fractures à faible énergie (aOR 0,77, IC à 95 % 0,71-0,83) et de 32% des fractures de hanche (aOR 0,68, IC à 95 % 0,60-0,78).
Réduction d’un tiers des fractures de hanche
La fracture de la hanche était la fracture à faible énergie la plus courante dans la population à l'étude, et c’est aussi la fracture potentiellement la plus grave, or son risque a diminué de 32% lors de la prise prolongé d’un traitement thiazidique.
Cet effet bénéfique des thiazidiques sur le risque de fractures à faible énergie s’estomperait environ un mois après l'arrêt de l'utilisation de ce médicament.
Une réduction du risque de fractures
La réduction du risque de fractures à faible énergie parallèlement à la prescription prolongée de thiazidique a été liée au fait que ce type de diurétiques réduit l'excrétion urinaire de calcium et augmente la densité minérale osseuse, ce qui peut diminuer le risque de fracture en cas de chute.
Ce n’est pas le cas d’autres classes de diurétiques et en particulier du furosémide qui favorise plutôt l’excrétion du calcium par le rein, une propriété mise à profit lors des hyperdiurèses en cas d’hypercalcémie.
Un traitement à prendre en compte
Bien sûr, les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ont un risque accru de chute, car cette maladie entraîne des problèmes d'équilibre et d'orientation spatiale. Il n’est donc pas question de prescrire systématiquement ces produits chez tous les malades souffrant de maladie d’Alzheimer en raison du risque d’hypotension orthostatique induit.
Mais lorsque ces malades sont également atteints d’hypertension artérielle, l’équilibre tensionnel est indispensable à la bonne prise en charge de la maladie et il paraît raisonnable de privilégier sur le long terme les associations anti-hypertensives à base de diurétiques thiazidiques.
C’est le principal intérêt de cette étude : rappeler que les thiazidiques sont efficaces contre les fractures et qu’ils le sont aussi en cas de maladie d’Alzheimer, une situation où les chutes et les fractures de fragilité sont fréquentes.








