Journée internationale des personnes handicapées

12% des personnes handicapées ou malades souffrent d'isolement

À l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, la Fondation de France dévoile les résultats de son étude menée sur les solitudes en France et consacrée aux personnes handicapées ou malades. 

  • Par Jean-Guillaume Bayard
  • doble-d/iStock
  • 03 Déc 2018
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    Selon l’étude menée par la Fondation de France avec le Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), 12% des personnes handicapées ou malades souffrent d'isolement, contre une personne sur dix dans la population générale. De plus, 32% des personnes atteintes d'un handicap ou d'une maladie disent se sentir seules, contre 22% de la population globale. La solitude pèse sur le moral mais aussi sur l’état physique. Une récente étude a montré que les personnes vivant seules ont plus de risque de décéder dans l’année qui suit une hospitalisation cardiaque.


    Faire évoluer le regard de la société

    L’objectif de l’étude est de mieux comprendre les incidences du handicap afin, par la suite, de pouvoir agir pour faire changer le regard de la société. Dans un communiqué, la Fondation de France ajoute que l’enjeu est d’autant plus important que, "dans un peu plus de 8 cas sur 10, les manifestations du handicap ou de la maladie ne sont pas vraiment visibles, menant parfois à de la dissimulation, de la honte, mais aussi une certaine incompréhension de l’entourage."

    L’étude a été réalisée en deux temps. D’abord en ligne, auprès de 3 586 personnes âgées de 18 ans et plus occupant un logement ordinaire, entre mai et juin 2018, ainsi que 72 personnes accueillies dans un établissement médico-social. Ensuite, des entretiens ont été menés auprès de 22 volontaires (20 par téléphone et 2 en face à face) d’une durée variable entre 45 minutes et 1h45.


    Le handicap et l'isolement : freins à la vie sociale et professionnelle

    Dans son étude, la Fondation de France mesure l’impact du handicap sur la vie sociale. Il en ressort que 62 % des personnes handicapées ou malades et isolées déclarent que leur handicap ou leur maladie a des incidences négatives sur leurs sorties quotidiennes. Trois explications principales ressortent des témoignages recueillis au cours des entretiens : la douleur, la fatigue et les difficultés de mobilité. En effet, deux personnes handicapées ou avec une maladie sont trois sont limitées dans leur capacité physique, 12% dans leurs capacités psychiques et 16 % dans d’autres capacités.

    Le handicap et l’isolement ont également des conséquences sur la vie professionnelle qui commencent dès la scolarité. 73% des personnes déclarant un handicap ou une maladie et isolées ont un niveau de formation inférieur au baccalauréat, soit dix points de plus que les personnes handicapées non isolées. 58% de ces personnes qui sont isolées estiment que leur handicap ou maladie a un impact négatif sur leur vie professionnelle. Cela se traduit par des arrêts de travail prolongés ou répétés, des licenciements pour inaptitude ou des retraites anticipées pour invalidité.

     

    Le cercle vicieux de l’isolement

    Au final, cette fragilité devient économique et restreint la vie sociale. Un tiers (31%) des personnes handicapées ou malades ont des revenus faibles, ce qui diminue les possibilités pour sortir ou accueillir des proches à la maison. Cela entraîne un isolement qui est souvent mal vécu : 50% des personnes isolées en situation de handicap ou de maladie chronique se sentent fréquemment seules, contre 41% des personnes isolées mais n’ayant ni handicap ni maladie.

    "L’isolement exacerbe les sentiments négatifs des personnes atteintes d’un handicap ou d’une maladie chronique", décrypte Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France. "Tous les pans de leur quotidien sont touchés. Elles ont une mauvaise estime d’elles-mêmes, ce qui impacte leur vie professionnelle et le lien qu’elles entretiennent avec leur entourage. C’est un cercle vicieux à combattre."

    Une situation qui rend le quotidien très compliqué. Quasiment une personne isolée en situation de handicap ou de maladie sur deux (48%) déclare avoir le sentiment d’être "un poids pour leurs proches". En conséquence, 51% limitent leurs relations pour ne pas avoir la sensation d’être un poids pour leur entourage, une attitude identique déclarée par seulement 35% des personnes isolées sans handicap ou maladie.

    Enfin, pour rechercher de l’aide, ces personnes isolées en situation de handicap ou de maladie se tournent principalement vers les professionnels de santé (74%), devant leur famille (63%). Plus surprenant, 1 personne sur 4 qui se trouve dans cette situation estime ne pas avoir besoin d’aide, contre 20 % pour les personnes avec un handicap ou une maladie mais qui ne sont pas isolées.

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    JDF