Rhumatologie
Uvéite antérieure et spondylarthrite : le sécukinumab moins efficace que les anti-TNF
En cas de survenue ou de récidive d’une poussée d’uvéite antérieure au cours d’une spondylarthrite, le sécukinumab semble moins bien marcher sur l’uvéite que les anti-TNF de référence
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Au cours du traitement des spondylarthrites, la survenue d’une uvéite antérieure vient souvent compliquer la prise en charge, y compris sous certains anti-TNF (étanercept). Les essais randomisés montrent que, comparé aux anti-TNF, le sécukinumab aurait une efficacité similaire sur l'inflammation axiale dans la spondylarthrite ankylosante (SpA), une meilleure efficacité sur les lésions cutanées de psoriasis au cours du rhumatisme psoriasique, mais il serait d’efficacité moindre que les anti-TNF dans les maladies inflammatoires de l'intestin et du colon (MICI).
Jusqu’ici, l'efficacité du sécukinumab par rapport aux anti-TNF n’avait pas été analysée dans l'uvéite antérieure. Une étude du Swedish Rheumatology Quality, présentée au congrès virtuel de l’EULAR 2020, vient combler en partie ce manque.
Moindre efficacité sur les uvéites antérieures
Le sécukinumab a été moins fréquemment utilisé comme bDMARD de première ligne chez les patients ayant déjà eu une uvéite antérieure et ceux-ci ont été orientés prioritairement vers un traitement par adalimumab, et non par étanercept, ce qui est cohérent avec les données de la littérature indiquant une meilleure efficacité de l’adalimumab sur l’uvéite antérieure.
Les taux d'incidence des poussées d’uvéite antérieure sont plus élevés avec le sécukinumab et l’étanercept qu’avec l’adalimumab et l’infliximab dans les analyses, y compris si l’on exclut les malades qui avaient fait une poussée d’uvéite dans l’année précédente (sécukinumab HR=3.1 ; IC95% 1.4-7.3 versus adalimumab et étanercept HR= 1.8 : IC95% 1.0-3.4).
Une étude rétrospective
Au total, 2 684 patients souffrant de spondylarthrite (dont 52 % de femmes) ont été recencées avec 3 255 initiations de traitement. Les uvéites antérieures sont survenues presque exclusivement chez les patients ayant des antécédents d’uvéite antérieure.
L’étude a concerné les patients atteints de spondylarthrite ankylosante ou de spondylarthrite indifférenciée débutant un traitement par secukinumab, l’étanercept, l’adalimumab et l’infliximab, entre 2015 et 2017, identifiés dans le registre suédois Swedish Rheumatology Quality. Ces malades ont été croisés avec le registre national suédois des patients pour l'identification d’une uvéite antérieure.
Les poussées d’uvéite antérieure ont été définies comme le nombre de visites avec un diagnostic d’uvéite antérieure, séparées par un intervalle d’au moins 60 jours, dans le cadre des soins ophtalmologiques ambulatoires, pendant le traitement respectif des bDMARD.
Un anti-IL17A à tropisme cutané et articulaire
Le sécukinumab est un anticorps monoclonal IgG1/κ entièrement humanisé qui se lie de façon sélective à l'interleukine-17A (IL-17A), une cytokine pro-inflammatoire, et la neutralise en inhibant son interaction avec le récepteur de l'IL-17A, qui est exprimé à la surface de diverses cellules, dont les kératinocytes.
En vraie vie, le sécukinumab et l’étanercept sont associés à une incidence plus élevée de poussées d’uvéite antérieure que l’adalimumab et l’infliximab, et ce y compris si l’on exclue les malades qui avaient fait une poussée d’uvéite dans l’année précédente (principal facteur de risque d’uvéite dans ce registre).
Ceci suggère un effet protecteur moins important du sécukinumab et de l’étanercept contre les poussées inflammatoires d’uvéite antérieure. Ces résultats préliminaires de vraie vie doivent être interprétés à la lumière des nombreux biais possibles qui n’ont pas été pris en compte. Ceci renforce l’image « peau » et « articulation » du sécukinumab et l’éloigne du traitement des MICI et des uvéites antérieures.











