Neurologie

Fertilité masculine : risques minimes lors de la prise de valproate

Les données impliquant le valproate, un antiépileptique, dans l'altération de la fertilité chez les hommes sont minimes, qu'ils soient traités pour épilepsie ou trouble bipolaire.

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  • 16 Septembre 2025
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    Utilisé pour traiter l’épilepsie et le trouble bipolaire, la prescription de valproate a fait l’objet de nombreuses restrictions ces dernières années. En effet, chez les femmes enceintes, il présente un risque élevé de malformations congénitales et de troubles neurodéveloppementaux. Les restrictions concernent aussi les hommes à cause des risques de dysfonctionnement testiculaire et d'infertilité.

    "La prescription de valproate chez un homme susceptible d’avoir des enfants devra dorénavant être initiée par un neurologue, un psychiatre ou un pédiatre", a recommandé l’ANSM. Mais selon des chercheurs de l’université de Liverpool (Royaume-Uni), les risques sur la fertilité "proviennent principalement de modèles animaux, les preuves chez l'Homme étant limitées et contradictoires."

    Près de 628.000 hommes souffrant d’épilepsie ou de trouble bipolaire suivis

    Afin d’en avoir le cœur net, l’équipe a passé en revue les données de TriNetX, la plus grande base de données mondiale sur les soins de santé, couvrant plus de 200 établissements de santé répartis dans 19 pays. Elle a comparé les informations de près de 91.917 hommes atteints d'épilepsie ou de trouble bipolaire ayant pris du valproate à celles de 535.803 hommes présentant les mêmes pathologies et n’étant pas exposés au médicament. À l'aide d'une méthode statistique avancée, les auteurs ont vérifié que les deux groupes étaient similaires en termes d'âge, de santé, de prise d'autres anticonvulsivants, de mode de vie et d'autres facteurs susceptibles d'influencer les résultats.

    Pour la fertilité, les scientifiques ont utilisé des mesures indirectes de la fertilité, comme les codes diagnostiques, les taux hormonaux et les paramètres du sperme, plutôt que sur des données directes de la conception. Les taux de natalité et les données sur la fertilité des partenaires n'étaient pas disponibles. "Les différences entre les deux groupes en termes de diagnostics d'infertilité, de numération des spermatozoïdes et d'atrophie testiculaire étaient minimes (moins de 1 %), et les taux d'hormones chez les hommes prenant du valproate sont restés dans les limites de la normale", ont-ils précisé.

    "Nos résultats ne corroborent pas l'existence d'un lien entre le valproate et l'infertilité" chez les patients

    Les travaux, publiés dans la revue Nature Communications, révèlent qu’aucune différence significative n’était observée entre les hommes exposés au valproate et ceux qui ne le sont pas en ce qui concerne les risques à vie d'infertilité, d'hypofonctionnement testiculaire, d'atrophie testiculaire et d'un ensemble de facteurs comprenant une faible concentration, motilité et vitalité des spermatozoïdes, des formes normales et un volume de sperme.

    "Nos résultats ne corroborent pas l'existence d'un lien entre le valproate et l'infertilité chez les hommes atteints d'épilepsie ou de trouble bipolaire dans des conditions réelles. Ces derniers ont significatifs, car la crainte d'effets secondaires sur la fertilité, spécifiquement attribués au valproate, peut conduire les hommes à interrompre le traitement, risquant ainsi des crises incontrôlées, une détérioration de leur santé mentale, une hospitalisation ou, dans les cas extrêmes, le décès. Il est important de considérer les autres causes possibles de l'infertilité", a conclu l’équipe qui estime que des recherches supplémentaires doivent être menées pour confirmer et approfondir ces données.

     

     

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