Hématologie

Syndrome de Bing-Neel : résultats prometteurs pour le zanubrutinib

Le syndrome de Bing-Neel (SBN) est une présentation neurologique rarissime de la macroglobulinémie de Waldenström (MW), documentée par différents symptômes neurologiques en lien avec une infiltration du liquide céphalo-rachidien (LCR) par des cellules lymphoplasmocytaires. Les inhibiteurs covalents de la tyrosine kinase de Bruton (BTK) font office de traitement de référence du SBN en raison de leur capacité à traverser la barrière hémato-encéphalique. Les auteurs de cette étude décrivent une série monocentrique de patients atteints de SBN traités par zanubrutinib, qu’ils soient intolérants à l’ibrutinib ou naïfs de traitement.

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  • 24 Février 2025
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    La macroglobulinémie de Waldenström (MW) est un lymphome non-hodgkinien B à petites cellules, caractérisé par la présence d'une immunoglobuline monoclonale M (IgM) et d'une infiltration médullaire par un lymphome lymphoplasmocytaire 2. La MW peut se manifester de diverses manières, notamment par une anémie, une hyperviscosité et une neuropathie, ainsi que par des manifestations plus rares, comme le syndrome de Bing-Neel (SBN, 1% des patients). Le SBN peut se manifester par différents symptômes neurologiques (troubles de la marche, de l’équilibre, déficits des nerfs crâniens, paralysie ou parésie des membres, troubles cognitifs, céphalées, altération de la conscience ou symptômes psychiatriques).

    L’ibrutinib, un inhibiteur covalent de BTK est devenu le traitement de référence du SBN en raison de sa capacité à traverser la barrière hémato-encéphalique. Le zanubrutinib, un inhibiteur covalent de BTK de seconde génération, a démontré une efficacité et une moindre toxicité par rapport à l’ibrutinib pour le traitement de la MW. Les auteurs de cette étude rapportent 9 cas de patients atteints de SBN, intolérants à l’ibrutinib ou naïfs de traitement, et traités par zanubrutinib 3.

    Une série monocentrique de 9 patients

    Chez tous les patients, le diagnostic de SBN succédait au diagnostic de MW avec une médiane de 4,3 ans (0,1-23,1). L’âge médian au diagnostic de SBN était de 71 ans (66–78). Six patients étaient des femmes (67%). Tous les patients présentaient la mutation MYD88 L265P, et aucun patient n’avait de mutation CXCR4. Trois des 6 patients (50 %) avaient une mutation TP53 (le statut TP53 était inconnu pour 3 patients). Six patients avaient été traités pour la MW avec un nombre de traitements antérieurs compris entre 1 et 6 tandis que la concentration sérique d’IgM était de 13,6 g/L (4,7–42,5).

    Le SBN était diagnostiqué sur le LCR chez 8 patients : 7 (88%) par un clone B détectable en CMF, 5 (63%) avec des cellules pathologiques identifiées en cytologie, 5 (63%) avec une mutation MYD88 L265P, et 4 (50%) avec un réarrangement du gène IgH. En termes d’imagerie (IRM du cerveau et moelle épinière), 5 patients (56 %) présentaient des résultats anormaux tandis que les symptômes présentés comprenaient des paresthésies, des altérations de la vision, des troubles de l’équilibre, des troubles cognitifs, des vertiges ou des dysfonctionnements vestibulaires, de l’aphasie et des tremblements.

    Un traitement efficace chez les patients naïfs … ou préalablement traités

    Les patients avaient reçu du zanubrutinib à raison de 320 mg par jour (8 patients) et 160 mg par jour (1 patient cytopénique). Quatre patients n’avaient jamais reçu de traitement pour le SBN et 5 patients avaient reçu un traitement par ibrutinib (dont 4 présentaient une amélioration des symptômes neurologiques et des évènements indésirables).

    Tous les patients ayant reçu de l’ibrutinib ont présenté un maintien de la réponse obtenue (PR ou VGPR), ou une résolution complète des symptômes présents lors du changement de traitement. Parmi les 4 patients non traités antérieurement, tous ont obtenu une RP et une amélioration des symptômes neurologiques avec une médiane de 6,4 mois (0,3–11,7) après l’initiation du zanubrutinib. Ces 4 patients restent sous zanubrutinib, avec une durée médiane de traitement de 26,2 mois (12,6–41,8).

    Conclusion

    Cette série de quelques patients démontre l’efficacité du zanubrutinib dans le traitement du SBN, notamment par sa capacité à franchir la barrière hémato-encéphalique, et par l’amélioration continue des symptômes neurologiques après l’initiation du traitement. Selon ces résultats, le zanubrutinib peut être considéré comme une option thérapeutique efficace pour le SBN nouvellement diagnostiqué ou pour les patients manifestant des effets indésirables sous traitement par ibrutinib.

     

    Références

    1. Kothari J, Eyre T, Rismani A, et al. PembroWM: A phase II trial to investigate the safety and efficacy of rituximab and pembrolizumab in relapsed/refractory Waldenstrom's Macroglobulinaemia. Br J Haematol 2024.
    2. Gertz MA. Waldenstrom macroglobulinemia: 2021 update on diagnosis, risk stratification, and management. Am J Hematol 2021;96:258-69.
    3. Sarosiek S, Ramirez-Gamero A, Flynn CA, Treon SP, Castillo JJ. Zanubrutinib for the treatment of Bing-Neel syndrome. Br J Haematol 2025.

     

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