Onco-Digestif
Adénocarcinome oeso-gastrique résécable : l’immunothérapie va-t-elle arriver en péri-opératoire ?
Le traitement des adénocarcinomes oeso-gastriques métastatiques HER2- repose actuellement sur la combinaison d’une chimiothérapie à base de sel de platine plus immunothérapie en cas de score CPS (Combined Positive Score) PD-L1 positif. Logiquement plusieurs essais, dont l’essai MATTERHORN, évaluent en péri-opératoire dans les formes résécables cette même combinaison avec des résultats, hélas, discordants.
- Dr_Microbe/iStock
L’essai MATTERHORN est un essai international randomisé évaluant la combinaison 5-fluorouracile, leucovorine, oxaliplatine et docétaxel (FLOT) plus durvalumab (anti-PD-L1) (bras expérimental) versus FLOT plus placebo (bras standard). Les patients éligibles devaient présenter un adénocarcinome oeso-gastrique résécable (>T2 N0-3 M0/T0-4 N1-3 M0), pouvoir recevoir une chimiothérapie par FLOT, et être naïfs de traitement.
Le protocole comportait 4 cycles de FLOT pré et post-opératoire combinés à du durvalumab (anti-PD-L1) toutes les 4 semaines qui était poursuivi pour 10 cycles en post-opératoire. Le critère principal de jugement était la survie sans événements (EFS), c’est-à-dire la survie sans décès, ni progression, ni récidive post-opératoire. Les critères secondaires incluaient la survie globale (SG), le taux de réponse pathologique complète (pCR) et la tolérance.
Des taux de réponse pathologique élevés
A cet ESMO 2023 il a été présenté les résultats intermédiaires sur le taux de pCR et les résultats de la chirurgie. Il y avait 474 patients par bras : une majorité de tumeurs gastriques (68 %), cT3 (66 %) et cN+ (70 %). Le taux de pCR était significativement augmenté de 19 % (15,8–23,0) dans le bras FLOT durvalumab versus 7 % (5,0–9,9) dans le bras FLOT placebo (OR=3,08 ; IC95 % 2,03-4,67; p < 0,00001) (Tableau 1). Le taux de réponse quasi-complète était également augmenté.
Tableau 1. Efficacité et tolérance
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FLOT plus durvalumab |
FLOT plus placebo |
p |
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pCR (95 % CI) |
19 % (15,8–23,0) |
7 % (5,0–9,9)
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OR = 3,08 (2,03–4,67); p < 0,00001 |
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pCR/pnCR (95 % CI) |
27 % (22,9–31,0) |
14 % (11,3–17,8) |
OR = 2,19 (1,58–3,04); p < 0,00001 |
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Taux de chirurgie (95 % CI) |
87 % (83,3–89,6)
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84 % (80,6–87,4)
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OR = 1,23 (0,85–1,76)
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Résection R0 (95 % CI)
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86 % (82,2–89,0) |
86 % (82,1–89,0)
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OR = 1,00 (0,68–1,48)
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Effets secondaires grade 3/4 |
69 % |
68 % |
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Effets secondaires reliés au traitement de grade 3/4 |
58 % |
56 % |
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pCR/pnCR : réponse complète/quasi-complète
Le taux de résection R0 était identique dans les 2 bras de traitement, de même que les complications post-opératoires et les taux d’effets secondaires. En revanche dans le bras FLOT plus durvalumab il y avait plus de réduction tumorale (pT0 21% versus 10% et pN0 47% versus 33%).
Conclusions et perspectives
Même si l’essai MATTERHON montre une augmentation du taux de pCR il faut attendre les résultats de survie pour conclure à la positivité de l’essai. De plus l’essai KEYNOTE 585 avec le même schéma est négatif en EFS selon les hypothèses pré-définies (44,4 mois versus 25,3 mois ; HR=0,81; 95 % CI 0,67-0,99 ; p = 0,0198), alors que le taux de pCR était augmenté. Néanmoins cet essai utilisait comme chimiothérapie péri-opératoire soit du FLOT soit du 5-FU cisplatine qui n’est plus le standard actuel.
Peut être qu’une sélection des patients sur le score CPS PD-L1 tumoral permettra d’identifier la population avec un gain en survie de l’immunothérapie en péri-opératoire dans les adénocarcinomes oeso-gastriques résécables, comme en situation de non-résécabilité.
Le traitement de référence reste donc le FLOT péri-opératoire sans immunothérapie pour les adénocarcinomes oeso-gastriques résécables pMMR/MSS. En revanche la détermination du statut MSI est indispensable pour inclure ces patients dans les essais d’immunothérapie en cours avec des stratégies de « wait and watch ».











