Jusqu’à l’âge adulte

Bébés de faible poids: la réponse aux médicaments durablement perturbée

Peser moins de 2,5 kg à la naissance nuit au développement des reins et du foie. La capacité de dégradation des médicaments par l’organisme est donc modifiée à vie chez ces anciens petits bébés.

  • Par Afsané Sabouhi
  • MELKI MARC/SIPA
  • 01 Mar 2014
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    Pour choisir la dose lorsqu’il prescrit un médicament, le médecin tient compte de l’âge, du poids ou encore du genre de son patient. Bientôt, il lui faudra demander à son malade son poids de naissance si l’on en croit une équipe américaine de l’Oregon, qui publie ses résultats dans la revue spécialisée European Journal of Pharmacology.
    Ces chercheurs ont mis en évidence qu’un petit poids de naissance, c’est-à-dire moins de 2,5 kg, affecte durablement les capacités des reins et du foie à métaboliser les médicaments.

    Le développement des reins et du foie sacrifié

    « En fin de grossesse, les fœtus de petit poids tentent de finir le développement de leur cerveau, quitte à sacrifier si nécessaire le développement d’autres organes comme les reins et le foie, explique Ganesh Cherala, pharmacologue et co-auteur de cette publication. Mais les reins sont les filtres de l’organisme et sont directement impliqués, tout au long de la vie, dans l’absorption puis l’élimination des médicaments tandis que le foie contribue à leur métabolisation ou dégradation.  

    Chez les ex-petits bébés, la réponse aux traitements est donc perturbée, souvent plus faible que chez ceux nés à plus de 2,5 kg. « Un anti-douleur par exemple va avoir tendance à être dégradé trop rapidement par le foie au lieu d’aller agir dans le cerveau. Par rapport à un individu né avec un poids normal, vous allez avoir besoin d’une plus forte dose de médicament pour obtenir le même effet », souligne le pharmacologue.

    Un quart des enfants touchés dans les pays défavorisés

    Les mécanismes de réponse aux traitements de ces personnes nées avec un petit poids ne sont pas encore suffisamment bien comprises pour émettre des recommandations en matière d’ajustement des doses pour les différentes classes de médicaments. Mais pour les auteurs de cette étude, le sujet mérite d’être approfondi car une fois devenus adultes, nombre de ces ex-petits bébés risquent de souffrir de maladies chroniques difficiles à équilibrer au vu de leur réponse réduite aux traitements. Or ils sont nombreux. Dans les pays développés, 8 à 10% des enfants naissent en pesant moins de 2,5 kg et dans les pays où les femmes enceintes souffrent de carences nutritionnelles pendant leur grossesse, la proportion d’enfants présentant un petit poids de naissance atteint 1 sur 4.

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    JDF