Octobre rose
Cancer du sein : les anticorps conjugués, des médicaments qui s’avèrent prometteurs
Les anticorps conjugués, une nouvelle génération de traitements présentée lors du récent congrès européen d'oncologie, pourraient améliorer les résultats des patientes atteintes d'un cancer du sein HER2-positif à un stade précoce.
- Par Geneviève Andrianaly
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- wichayada suwanachun/iStock
"Des preuves convaincantes." C’est la conclusion tirée après la présentation d’une nouvelle classe d'agents anticancéreux pendant le congrès annuel de la Société Européenne d’Oncologie Médicale (ESMO), qui a eu lieu à Berlin. Les médicaments en question sont des anticorps conjugués, qui couplent des molécules de chimiothérapie à un anticorps capable d’identifier une protéine sur les cellules tumorales. Dans le cadre de deux essais de phase 3, des chercheurs ont testé leur efficacité chez des femmes souffrant d'un cancer du sein HER2-positif à un stade précoce.
Cancer du sein : les anticorps conjugués augmentent le taux de réponse
Pour rappel, "il existe un besoin particulier de thérapies pour garantir que les patientes obtiennent une réponse pathologique complète après les thérapies néoadjuvantes – c'est-à-dire administrées avant la chirurgie – et un besoin important de traiter la maladie résiduelle chez celles qui n'y parviennent pas, afin de prévenir le développement de métastases", a déclaré Evandro de Azambuja de l'Institut Jules Bordet (Belgique). Actuellement, le trastuzumab emtansine (T-DM1) est le seul anticorps conjugué approuvé.
Au cours de la première étude, appelée DESTINY-Breast11, l’équipe s’est concentrée sur le trastuzumab deruxtecan (T-DXd), un anticorps conjugué de nouvelle génération délivrant un inhibiteur de la topoisomérase I. Lors de l’intervention, 927 personnes non traitées atteintes d'un cancer du sein précoce HER2-positif à haut risque ont reçu soit le trastuzumab deruxtecan suivi d'une thérapie ciblée HER2 standard (THP), soit le schéma thérapeutique conventionnel à base d'anthracyclines (ddAC-THP). Le trastuzumab deruxtecan suivi d'une thérapie ciblée HER2 standard a entraîné une augmentation significative du taux de réponse complète pathologique lors de la chirurgie.
"Une amélioration sans métastases cérébrales"
Après l’opération, le trastuzumab deruxtecan a aussi montré une amélioration de la survie sans progression de la maladie invasive et de la survie sans maladie de 53 % par rapport au trastuzumab emtansine (T-DM1). L’anticorps conjugué de nouvelle génération "a également confirmé sa forte activité cérébrale, démontrant une amélioration cliniquement significative de l'intervalle sans métastases cérébrales", a souligné Evandro de Azambuja. "Conjointement, ces deux études établissent le trastuzumab deruxtecan comme une option de traitement essentielle pour le cancer du sein HER2-positif au stade précoce", a ajouté Paolo Tarantino du Dana-Farber Cancer Institute et de la Harvard Medical School à Boston.
Les auteurs notent que l’utilisation de ces anticorps conjugués présente de nouveaux défis qui doivent être relevés. "Par exemple, les profils de toxicité doivent être définis avec précision et des efforts considérables sont nécessaires pour prévenir les toxicités permanentes ou mortelles. Le dosage, la durée et la séquence d'administration des anticorps conjugués doivent également être optimisés afin d'obtenir une efficacité maximale avec un minimum d'effets secondaires, et l'identification de biomarqueurs prédictifs est tout aussi essentielle pour permettre une meilleure personnalisation de la thérapie et minimiser le surtraitement", a expliqué Paolo Tarantino.








