Urologie

Cancer de la vessie : un test de dépistage urinaire précoce

Un nouveau test urinaire pourrait dépister un cancer de la vessie chez les patients plus d'une décennie avant que les symptômes n'apparaissent

  • Vonschonertagen/iStock
  • 14 Mar 2023
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    Le cancer de la vessie est le 7ème cancer le plus fréquent en France. On estime à environ 13.000 le nombre de nouveaux cas de cancer de la vessie diagnostiqués chaque année, majoritairement chez des hommes (81 % des cas), selon l’Institut national du cancer.

    La détection précoce de ce cancer permettrait de sauver des vies et d'éviter des opérations inutiles chez des patients en bonne santé : si le cancer est détecté tôt, plus de 80 % des patients survivent pendant au moins cinq ans.

    Cancer de la vessie : 80 % des patients survivent quand il est détecté tôt

    C’est pourquoi une équipe de chercheurs français, iraniens et américains se sont rassemblés pour mettre au point un nouveau test d'urine - appelé “test UroAmp” - qui identifie les mutations sur 60 gènes, permettant de détecter le cancer de la vessie plusieurs années avant l’apparition des premiers symptômes. Il a été développé par Convergent Genomics, une société liée à l'université de santé et de science de l’Oregon, aux États-Unis. Les chercheurs ont présenté leurs découvertes au congrès annuel de l'Association européenne d'urologie (EAU) à Milan, en Italie.

    S'appuyant sur des recherches antérieures sur les mutations génétiques liées au cancer de la vessie, l'équipe de recherche a réduit le test pour se concentrer sur les mutations de dix gènes. Travaillant en collaboration avec des chercheurs de l'université des sciences médicales de Téhéran en Iran, ils ont testé le nouveau dispositif en utilisant des échantillons de l'étude de cohorte Golestan, qui a suivi la santé de plus de 50.000 personnes sur 10 ans ayant toutes fourni des échantillons d'urine.

    Le test est précis à 66% pour diagnostiquer un cancer de la vessie 12 ans avant

    Au total, 40 de ces participants ont développé un cancer de la vessie au cours de la décennie de l'étude. L'équipe de recherche a pu tester des échantillons d'urine de 29 de ces participants ainsi que des échantillons de près de 100 participants similaires comme témoins. Sur les 29 participants qui avaient développé un cancer de la vessie, le test a pu prédire avec précision le futur cancer chez 19 personnes (66 %) - même si les échantillons avaient été prélevés jusqu'à 12 ans avant le diagnostic. Un groupe de 14 de ces participants a été diagnostiqué dans les sept ans après avoir donné leur échantillon d'urine et le test a pu prédire le cancer chez 12 d’entre eux (86 %). Le test était également précis à 96 % pour prédire les participants qui n’ont pas développé de cancer de la vessie à partir du groupe témoin.

    Le test a été mis à l'épreuve séparément avec des collègues du Massachusetts General Hospital et de l'Ohio State University aux États-Unis, en utilisant les échantillons de 70 patients atteints d'un cancer de la vessie, ainsi que ceux de 96 personnes qui n'avaient pas de cancer pour le groupe témoin, prélevés avant une cystoscopie.

    Cependant, contrairement à l'étude Golestan, certains échantillons des patients américains ont été prélevés le jour où ils avaient reçu un diagnostic de cancer de la vessie, plutôt que des années auparavant. Les résultats ont révélé des mutations dans 50 des 70 échantillons de patients (71%) dont les tumeurs étaient visibles lors de leur cystoscopie. Certains d'entre eux étaient de nouveaux diagnostics et d'autres concernaient un cancer antérieur récurrent. Ces mutations n'ont pas été trouvées chez 90 des 96 (94%) patients avec des cystoscopies négatives.

    "Le diagnostic du cancer de la vessie repose sur des procédures coûteuses et invasives"

    Le chercheur principal, le Dr Florence Le Calvez-Kelm du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), a déclaré que les résultats étaient positifs et laissaient espérer une alternative aux méthodes de dépistage classiques capable de prédire le cancer de la vessie le plus tôt possible. “Le diagnostic du cancer de la vessie repose sur des procédures coûteuses et invasives telles que la cystoscopie. Avoir un test d'urine plus simple qui pourrait diagnostiquer avec précision et même prédire la probabilité de cancer des années à l'avance pourrait aider à détecter plus de cancers à un stade précoce”, a-t-elle expliqué dans un communiqué.

    "Si les résultats sont reproduits dans des cohortes plus importantes, les tests d'urine pour ces mutations pourraient permettre un dépistage systématique des groupes à haut risque, tels que les fumeurs ou les personnes exposées à des cancérigènes connus de la vessie dans le cadre de leur travail", a-t-elle ajouté. “Ce type de test pourrait également être utilisé lorsque les patients consultent leur médecin avec du sang dans les urines, afin de réduire les cystoscopies inutiles. Si nous pouvons identifier le cancer de la vessie avant que la maladie ne progresse, nous pouvons alors sauver plus de vies”, a conclu la chercheuse.

     

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    JDF