Dermatologie

Notalgie paresthésique : un prurit localisé du haut du dos accessible au traitement

La notalgie paresthésique est une neuropathie responsable d’un prurit situé uniquement au milieu du dos. Cette maladie est malheureusement sous-diagnostiquée. Aucun traitement n’est actuellement reconnu, mais cela peut changer.

  • RyanKing999/istock
  • 10 Fév 2023
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    La notalgie paresthésique est une neuropathie purement sensitive, généralement unilatérale, en rapport avec une atteinte des branches cutanées des ramifications dorsales des nerfs spinaux thoraciques assurant l’innervation du 2ème au 6ème dermatomes dorsaux.

    Elle entraine une démangeaison persistante et invalidante, généralement unilatérale et toujours localisée en haut du dos. Bien qu’elle soit courante, cette pathologie est malheureusement sous-diagnostiquée.

    Un diagnostic d’élimination

    Le diagnostic, principalement d’élimination, doit être suspecté devant l’apparition de démangeaisons récurrentes et localisées au niveau dorsal haut.

    Ce prurit s’accompagne de lésions d’un grattage excessif à type de modifications pigmentaires ou encore de lichénification de la zone concernée. Les symptômes restent simples dans leur forme mais sont véritablement invalidants.

    Des traitements attendus

    A ce jour, il n’existe hélas aucun traitement curatif reconnu. Et les antiprurigineux classiques tels que les antihistaminiques et les glucocorticoïdes locaux, sont sans effet. Les traitements comme la capsaïcine topique ou les gabapentinoïdes (prégabaline et gabapentine) sont certes efficaces dans la réduction des symptômes, mais ont des effets secondaires qui réduisent l’observance.

    Cependant tous les espoirs restent permis puisqu’une étude de phase II, réalisée en double aveugle, parue dans le New England Journal of Medicine semble démontrer que la difelikefaline, un agoniste sélectif des récepteurs opioïdes kappa, serait efficace sur les démangeaisons engendrées par cette maladie neuropathique. La difelikefaline a déjà prouvé son efficacité dans d'autres affections prurigineuses chroniques, notamment les démangeaisons modérées à sévères associées à l’insuffisance rénale chronique des patients sous dialyse.

    Vers un changement des pratiques

    Les résultats très encourageants amènent à espérer une prise en charge bientôt optimale du prurit lié à cette neuropathie. En effet, sur les 126 patients, 62 ont reçu la difelikefaline et 63 le placebo, le score moyen initial sur l'échelle d'évaluation numérique des pires démangeaisons est de 7,6 (démangeaisons sévères) dans chaque groupe.

    La réduction du prurit à la huitième semaine de traitement est de 4 points chez les patients recevant la difelikefaline contre 2,4 points chez les patients recevant le placebo.

    Des effets indésirables sont survenus chez 35 des 62 patients (56 %) du groupe difelikefaline et chez 32 des 63 patients (51 %) du groupe placebo. Des nausées et des douleurs abdominales ont été signalées dans les deux groupes. Les céphalées, les étourdissements, la constipation et l'augmentation du débit urinaire ont été signalés plus fréquemment chez les patients du groupe difelikefaline. Tous les effets indésirables dans le groupe difelikefaline étaient d'une gravité légère à modérée, selon l'évaluation par l'investigateur.

    D’autres études que cette phase 2 sont cependant nécessaires pour confirmer la réelle efficacité et l’innocuité de la difelikefaline.

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    JDF