Pneumologie

Asthme de l’adulte : un profil d’exposome plutôt qu’une exposition

L’asthme des adultes français est lié à un profil d’exposome, qui correspond à une combinaison d’expositions entre elles. Cela incite à faire attention aux expositions rencontrées tôt dans la vie et à privilégier un mode de vie sain. D’après un entretien avec Alicia GUILLIEN.

  • 12 Jan 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en novembre 2022 dans l’American Journal of Respiratory Critical Care Medicine, a fait le point sur les différentes expositions et leurs interactions favorisant un surrisque d’asthme non contrôlé chez l’adulte. Il s’agit d’une étude française ayant utilisé la cohorte NutriNet-Santé et 20 833 adultes, avec un âge moyen de 56 ans ont été inclus. Ces sujets ont répondu tous les 6 mois à un questionnaire sur leur alimentation, leur mode de vie et leurs diverses expositions. Le sujets asthmatiques ont été sélectionnés et leur score de symptômes et de contrôle de l’asthme a été évalué. De plus, leurs exposition et leur adresse de résidence ont été corrélés grâce à un modèle qui attribue une adresse à un niveau d’exposition. Au total, 87 facteurs d’expositions ont été observés et une analyse en clusters a été réalisée, en regroupant 4 grands domaines d’exposomes : les exposomes précoces (vie intra-utérine, première année de vie), les exposomes socio-économiques, les exposomes environnementaux (pollution, climat) et  ceux liés aux habitudes de vie. Dans un second temps, une analyse a permis d’identifier des groupes d’individus partageant les mêmes exposomes. Trois profils de sujets on été élaborés puis associés aux scores de symptômes et de contrôle de l’asthme : un profil incluait les sujets en surpoids, tabagiques et dont l’alimentation n’est pas saine, un deuxième profil incluait les sujets sans surpoids mais avec une alimentation peu saine et le troisième incluait les sujets sans surpoids, non tabagiques et ayant une alimentation saine.

     

    Un large éventail d’expositions

    Alicia GUILLIEN, épidémiologiste à l’Institut pour l’avancée des Biosciences de Grenoble,  et auteur de ce travail, rappelle que la prévalence et l’incidence de l’asthme augmente considérablement dans les pays développés. L’hypothèse est que l’asthme serait dû pour partie à des facteurs génétiques et que les facteurs environnementaux seraient responsables du reste. Elle souligne que beaucoup d’études se sont intéressées à ce sujet mais n’ont évalué, à chaque fois, qu’une seule unité d’exposition alors que, dans la vraie vie, les sujets sont exposés à plusieurs facteurs qui peuvent interagir entre eux. C’est pourquoi cette étude s’est intéressée à un plus large éventail d’expositions et à leurs interactions. Ces expositions s’étendaient du plus jeune âge de la vie aux habitudes de vie à l’âge adulte.

     

    Et différents profils de risque

    Alicia GUILLIEN explique que les résultats ont montré que les trois profils décrits présentaient un surrisque d’asthme non contrôlé, par rapport au profil de référence. Les profils liés aux habitudes de vie comme le tabagisme ou le surpoids présentaient un risque majoré d’absence de contrôle de l’asthme. De plus, Alicia GUILLIEN insiste sur les facteurs d’exposition précoces qui favorisent un risque encore plus important tels que le tabagisme passif, la présence d’animaux domestiques, l’évolution en milieu urbain ou encore des paramètres de naissance médiocres (prématurité, faible poids de naissance..).  Ces sujets ont présenté plus de symptômes à l’âge adulte que ceux appartenant au groupe de référence.

     

    En conclusion, il est nécessaire de rester vigilant sur les expositions rencontrées dès le plus jeune âge et de privilégier une bonne hygiène de vie pour limiter les conséquences de l’asthme non contrôlé chez l’adulte, dont le facteur de risque n’est pas une exposition seule mais une combinaison d’exposions diverses.

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    JDF