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Dépistage du cancer du sein : des pistes pour interpréter la baisse du taux de participation

La participation au dépistage organisé du cancer du sein est en baisse et bien loin des objectifs fixés au niveau européen. Quelles pistes l'agence nationale livre-t-elle pour expliquer ces chiffres ?

  • jacoblund/istock
  • 29 Jun 2022
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    Le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme en France et est la première cause de décès par cancer avec plus de 12 000 décès par an. Santé publique vient de publier les données de participation au programme du dépistage organisé du cancer du sein pour la période 2020-2021. Un programme national de dépistage organisé bien connu qui cible les femmes âgées de 50 à 74 ans, et les invite tous les 2 ans à la réalisation d'une mammographie ainsi qu'à un examen clinique des seins.

    Bien qu'en hausse par rapport à l'année précédente, l'analyse plus fine du taux de participation montre en fait qu'il a plutôt tendance à baisser progressivement. Pour quelles raisons ? Santé Publique France avance quelques hypothèses.

    Un taux de participation en 2021 en hausse, oui mais … 

    En 2021, 2,7 millions de femmes ont effectué une mammographie de dépistage organisé soit un taux national de participation de 50,6%. Nettement mieux qu'en 2020 où il était de 42,6%. Mais derrière cette hausse qui pourrait s'apparenter à une bonne nouvelle pour SPF se cache en fait une réalité moins positive. La différence entre les deux années tient surtout au fait qu'en 2020 le taux de participation était particulièrement bas en raison de la crise sanitaire et qu'en 2021, il y a eu un rattrapage des mammographies en retard comme l'explique l'agence «la participation en 2021 a en partie rattrapé le déficit de l'année 2020 dû à la pandémie de COVID-19 et aux confinements ».

    Pour une interprétation scientifique de l'évolution de la participation, il faut en fait regarder les données sur des périodes de deux années glissantes, précise SPF, puisque les femmes sont invitées à se faire dépister tous les 2 ans. Et là, les chiffres montrent une baisse de la participation. Le taux de femmes dépistées en 2020-2021 est inférieur à celui de la période 2018-2019 : 46,6% contre 49,1%. SPF s'alerte donc « la baisse générale du dépistage observée depuis 2012 […] est peut-être en train de perdurer ». Le taux s'éloigne de plus en plus de l'objectif fixé par la recommandation du Conseil européen qui assigne une participation au dépistage organisé du cancer du sein d'au moins 70%.

    Pourquoi les Françaises boudent-elles le dépistage ?

    Pour expliquer ce faible taux de participation et sa baisse, SPF émet quelques hypothèses. Tout d'abord la crise sanitaire peut selon l'agence continuer de perturber le dépistage. Ensuite, l'impact négatif de la controverse sur les bénéfices et risques du dépistage. Cette controverse est apparue au début des années 2000 et a plusieurs fois refait surface depuis au gré de diverses publications scientifiques.

    Les doutes portent sur la réalité et l'ampleur de la baisse de décès par cancer du sein liée au dépistage et de la crainte d'un nombre plus ou moins élevé de sur-diagnostic et donc de sur-traitement. Enfin encore et toujours les problèmes d'offres de soins : la difficulté d'accès aux mammographies dues à la baisse de l'offre de soins en sénologie constitue probablement aussi un frein au dépistage. Une difficulté qui ressort dans de nombreuses analyses sur le sujet, expliquant à la fois le faible taux de participation au dépistage et les écarts territoriaux dans ce domaine.

    Petit bémol pour contre balancer les faibles résultats du dépistage organisé, SPF précise que « le dépistage organisé ne représente qu'une partie de la pratique de dépistage en France, et une partie des femmes le font en dehors des recommandations ».

    Sans controverse : la prise en charge des facteurs de risque est efficace à coup sûr

    Outre le dépistage organisé, il est aussi possible et cette fois sans controverse, de réduire l'incidence des cancers du sein en agissant sur les facteurs de risque identifiés.

    Parmi eux, beaucoup sont en lien avec le mode de vie et donc modifiables : la consommation d'alcool et de tabac, le surpoids et l'obésité ou encore le manque d'activité physique

     

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    JDF