Médecine générale

Fortes chaleurs et recours aux urgences : pas forcément les personnes âgées

La vague de chaleur inédite qui a touché la France il y a quelques jours s'est accompagnée d'une hausse des passages aux urgences pour les pathologies liées à la chaleur. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, les personnes âgées ne sont pas celles qui y ont eu le plus recours.

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  • 28 Jun 2022
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    L'épisode de fortes chaleurs a commencé le 15 juin et a concerné 71 départements. 70% de la population métropolitaine a connu au moins un jour de vigilance canicule orange et 12,5% un jour de vigilance canicule rouge. Un « épisode inédit de par son caractère très précoce et intense » souligne Santé Publique France (SPF) dans le point national dédié.

    Les indicateurs de suivi montrent une augmentation des recours aux urgence, soulignant « à nouveau que la chaleur est un risque pour la santé » peut-on lire. Un risque qui existe notamment pour les personnes les plus fragiles dont font partie les personnes âgées. Les chiffres montrent pourtant que pour cet épisode, les personnes de plus de 75 ans n'ont pas eu plus recours aux urgences que les autres.

    Une augmentation des passages aux urgences pour toutes les tranches d'âge

    L'indicateur iCanicule regroupe les motifs de passages aux urgences (et consultations SOS médecins) pour certaines causes très sensibles à la chaleur : hyperthermie/coup de chaleur, déshydratation et hyponatrémie. Pendant la vague de chaleur, le nombre de passage aux urgences pour l'indicateur iCanicule a été en augmentation du début de l'épisode jusqu'au 18 juin, jour où il a atteint un pic de 337 passages.

    Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les personnes âgées n'étaient pas les plus concernées, puisque SPF précise que « la même dynamique a été observée pour toutes les classes d'âge » précisant que « les 75 ans et plus et les 15-74 ans se répartissent de façon égale pour ces passages aux urgences ».

    Toutefois, la fragilité des personnes les plus âgées face aux épisodes de chaleur et à leurs conséquences se révèle à l'étape suivante, celle de l'hospitalisation. En effet, les données SPF montrent que plus de la moitié (58%) des personnes hospitalisées suite à ces passages aux urgences liés à la chaleur avaient 75 ans ou plus. Par contre, parmi les 21 hospitalisations en soins intensifs ou réanimation suite à un passage aux urgences pour iCanicule, seulement un tiers concernait les personnes âgées de plus de 75 ans.

    Un impact sanitaire qui rappelle l'importance des mesures de prévention

    Les impacts sanitaires dont sont représentatifs cette hausse des passages aux urgences pour des causes liées à la chaleur rappellent à quel point celle-ci est un risque pour la santé. SPF souligne l'importance de mettre en place les mesures de prévention recommandées par le plan national de gestion des vagues de chaleur et ce insiste l'agence nationale sans « attendre d'observer une variation significative des indicateurs sanitaires ».

    Les recommandations doivent être adoptés par tous, dès le début de l'alerte, avec une vigilance particulière pour les personnes fragiles en raison de leur âge, de la prise de traitements perturbant l'adaptation à la chaleur, d'une grossesse ou encore de situation de surexposition à la chaleur dans le cadre par exemple du travail ou en milieu scolaire.

    La protection passe par des mesures simples qu'il est toujours utile de rappeler : boire régulièrement de l'eau tout en continuant à manger normalement, ne pas boire d'alcool ni pratiquer d'activité physique, se mouiller la peau, maintenir son habitation au frais et ne pas sortir aux heures les plus chaudes. Ces mesures sont à appliquer même quand les fortes chaleurs sont de courte durée précise SPF, les pathologies liées à la chaleur pouvant survenir dès les premiers jours et être rapidement mortelles.

    Et la surmortalité ?

    Parlant de mortalité justement, que sait-on d'une possible surmortalité liée à cet épisode inédit ? Pas grand-chose pour le moment nous indique SPF : « concernant la mortalité, l'excès ne peut être estimé qu'un mois après l'épisode caniculaire ».

    Mais l'on sait déjà que chez les travailleurs aucun décès en lien possible avec la chaleur n'a été notifié par l'inspection du travail.

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    JDF