Neurologie

Parodontopathie : le traitement des gencives réduit les événements cardiovasculaires

Chez les patients avec AVC ou accident ischémiques transitoire (AIT) récent, le premier essai randomisé montre que le traitement parodontal pourrait réduire le risque d'événements cardiovasculaires ou les AVC ultérieurs.

  • Alona Siniehina/istock
  • 15 Fév 2022
  • A A

    L'étude PREMIERS (PeRiodontal Treatment to Eliminate Minority Inequality and Rural Disparities in Stroke), menée auprès de patients ayant récemment eu un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un accident ischémique transitoire (AIT), et souffrant également d'une maladie des gencives (parodontopathie), montre une différence en faveur du traitement parodontal intensif par rapport au traitement standard, mais qui n’est pas significative pour le taux de récidive d'accident vasculaire cérébral, d'infarctus du myocarde (IM) ou de décès au cours du suivi d'un an. Cependant, il y a une forte tendance à l'avantage du groupe intensif.

    Les deux groupes ont en effet un taux d'événements beaucoup plus faible dans cette étude que celui d’un groupe de référence historique composé pourtant de patients identiques et qui a servi a calculé les effectifs.

    En outre, le nombre de visites réalisées chez le stomatologue serait significativement corrélé à une réduction du taux composite d'événements dans l'étude. Les résultats ont été présentés à l'International Stroke Conference (ISC), qui se déroulait à la Nouvelle-Orléans et en distanciel (Abstract LB3).

    Réduction des évènements cardiovasculaires

    Après un an de suivi, le critère composite primaire (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, décès) est observé chez 7,7% des patients du groupe de traitement parodontal intensif contre 12,3% des patients du groupe de soins parodontal standard, soit une réduction de 35% en faveur du groupe intensif (RR=0,65 ; IC à 95%, 0,30 - 1,38) ; ce taux n’est cependant pas significatif (p = 0,26).

    Cependant, les deux groupes ont un taux d'événements cardiovasculaire beaucoup plus faible que celui du groupe témoin historique utilisé pour calculer les effectifs. Dans ce groupe, le taux d'AVC ou d’infarctus ou de décès à un an était de 24%, soit quasiment le double. Ceci aboutit à une étude qui manque de puissance au plan statistique avec des effectifs étudiés trop faibles.

    De plus, dans les deux groupes, traitement parodontal standard et intensif, le nombre de visites chez le dentiste serait fortement corrélé à la réduction des événements cardiovasculaires. Dans l'étude, 65% des participants sont venus aux cinq rendez-vous chez le stomatologue, 25% sont venus à deux à quatre visites et 10% ne sont venu à aucun rendez-vous. Or, ceux qui ont assisté à tous les rendez-vous chez le stomatologue au cours de l'année de suivi ont un taux combiné à 1 an d'AVC, infarctus du myocarde et décès de 8% versus 25% chez ceux qui n'ont pas assisté à d'autres visites après la visite initiale, taux d'événements à un an de suivi qui est assez proche de celui de la série historique. La valeur du « p » pour cette tendance est très significative (p = 0,0017).

    L’analyse des critères secondaires montre également une réduction de la pression artérielle, des niveaux d'HbA1c, de l'épaisseur de l'intima-média de la carotide, et de meilleurs profils lipidiques chez tous les patients qui ont suivi le traitement parodontal, à la fois dans le groupe standard et le groupe traitement intensif.

    Etude multicentrique et randomisée

    Pour l'étude, 280 patients ayant eu récemment un AVC ou un AIT et souffrant d'une maladie parodontale ont été randomisés entre un traitement parodontal standard et un traitement parodontal intensif sur un an avec évaluation des accidents cardiovasculaires dans chaque groupe.

    Le traitement parodontal standard consistait en une élimination régulière supra-gingivale de la plaque et du tartre (tous les 3 mois) et les patients ont reçu une brosse à dents ordinaire et des conseils d’hygiène dentaire. Le traitement parodontal intensif consistait en une élimination régulière de la plaque et du tartre (tous les 3 mois), mais y compris dans les récessus gingivaux (supra- et sous-g, l'extraction des dents sans espoir de soin, l’administration locale d'antibiotiques, et les patients ont reçu une brosse à dents électrique, des bains de bouche et un fil dentaire pour les soins d’hygiène dentaire. Tous les patients ont eu par ailleurs une prise en charge des facteurs de risque d'AVC selon les recommandations en vigueur.

    En pratique

    L'étude PREMIERS est l'un des premiers essais randomisés, indépendants, à tester l'effet du traitement des parodontopathies sur les principaux événements cardiovasculaires indésirables chez les patients à risque car ayant eu récemment un AVC ou un AIT. Il a été financé par le National Institute of Minority Health Disparity.

    Même s’il existe un bénéfice pour le traitement parodontal intensif, on n’observe pas de différence significative entre le groupe traitement parodontal intensif et le groupe standard, mais le nombre d'événements est trop faible dans les 2 groupes, de sorte que l'étude n’a pas la puissance nécessaire pour objectiver des différences.

    Au final, les malades qui se sont le plus présentés aux visites trimestrielles chez le stomatologue ont un risque beaucoup plus faible d’événement cardiovasculaire que ceux qui ne se sont pas présentés aux visites de soins après celle de l’inclusion. C’est un point très encourageant qui doit attirer l’attention des médecins sur l’état dentaire de leurs malades à risque cardiovasculaire en attendant des résultats sur des effectifs plus importants.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF