Pneumologie

BPCO : un dépistage possible dans les pays en voie de développement

Le dépistage de la BPCO par questionnaires et mesure du débit de pointe est faisable dans des pays en voie de développement (Ouganda, Népal et Pérou). Son efficacité est surtout relevée en cas de formes sévères. Une réflexion sur la prise en charge ultérieure de ces patients est à réaliser. D’après un entretien avec Georges KHAYAT.

  • 24 Fév 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en janvier 2022 dans le JAMA, a fait le point sur la faisabilité d’un dépistage de la BPCO dans trois pays en voie de développement : l’Ouganda, le Népal et le Pérou. Pour cela, les auteurs ont mesuré le débit de pointe et utilisé trois questionnaires, déjà validés, qu’ils ont soumis à des patients habitant en zone urbaine au Pérou (Lima), en zone rurale en Ouganda (Nakeseske) et en zone semi-urbaine au Népal (Bhaktapur). Tous les sujets avaient quarante ans ou plus et cette étude s’est étendue de janvier 2018 à mars 2020. Au total, plus de 10 000 sujets ont été interrogés, avec à peu près autant d’hommes que de femmes. L’âge moyen était de 56 ans et plus d’un tiers des patients avait déjà fumé.

     

    Une efficacité en cas de formes sévères

    Le professeur Georges KHAYAT, pneumologue à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et directeur du Comité d’évaluation et de docimologie, explique que ce travail soulève une question importante, car la BPCO est souvent sous-diagnostiquée, notamment dans les pays à faibles ou moyens revenus. L’existence d’outils pour faciliter le diagnostic peut encourager au dépistage, d’autant plus que ceux-ci sont simples à utiliser. Les auteurs de ce travail ont employé trois questionnaires, déjà validés, de détection de la BPCO et qui permettent de détecter les personnes qui nécessitent d’être explorées de manière complémentaire. Georges KHAYAT souligne que les choix de ces 3 pays est intéressant car il permet de se faire une idée plus large du problème. Les résultats de cette étude ont tout d’abord démontré que c’était faisable mais que la sensibilité des questionnaires n’était pas extraordinairement élevée puisque seuls les cas sévères étaient dépistés. Beaucoup de faux négatifs ont été relevés. En revanche, la spécificité est élevée et permet d’éliminer le diagnostic dans la majorité des cas. La question de la pertinence de ces outils à grande échelle se pose mais les auteurs répondent que s’ils sont utilisés dans un programme de dépistage, ils finiront par dépister les sujets qui ne l’ont pas été dans un premier temps.

     

    Quid de la prise en charge après le dépistage ?

    Georges KHAYAT souligne qu’il est nécessaire de prendre en compte le contexte des pays pauvres et de bien définir l’utilité d’un dépistage qui nécessite une prise en charge efficace ultérieure, qui n’est pas toujours possible dans ces conditions. Il rappelle, cependant, que les anti-muscariniques de longue durée d’action font partie des médicaments prioritaires sur la liste de l’OMS et qu’ils permettent de traiter les malades sévères, détecter par ce programme de dépistage, ce qui est un fort point positif. Il précise également que cette étude, menée dans trois pays différents, augmente la variabilité des résultats, qui ne peuvent donc pas être extrapolés et il faut d’autres études pour savoir si une utilisation plus globale est envisageable.  Les questionnaires n’apportent pas de réponse fiable à 100%. Ils sont très utiles si leur prévalence est forte.

    En conclusion, la simplicité des questionnaires utilisés pour le dépistage de la BPCO permet d’imaginer que l’on puisse les utiliser dans des pays où la maladie est sous diagnostiquée, à condition qu’ne prise ne charge utile et efficace soit possible en aval.

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    JDF