Cardiologie
Syndrome métabolique : des tumeurs bénignes des surrénales après la ménopause
Les tumeurs bénignes des glandes surrénales pourraient assez souvent entraîner une surproduction de cortisol, ce qui augmente le risque de développer un diabète de type 2 et une hypertension artérielle, en particulier après la ménopause.
- RaihanaAsral/iStock
Le diabète de type 2 et l’hypertension artérielle, deux affections touchant les adultes âgés ou en surpoids, pourraient parfois être liés à un incidentalome surrénalien, une tumeur bégnine sur les glandes surrénales, découverte à l'occasion d'un scanner abdominal réalisé pour une autre cause.
C’est la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs de l’université de Birmingham (Royaume-Uni) dans une étude publiée dans les Annals of Internal Medicine. Selon eux, cette tumeur bénigne entraînerait dans près d'un cas sur 2 la surproduction d’une hormone stéroïde liée au stress, le cortisol, ce qui augmente le risque de développer un diabète de type 2 ou une hypertension artérielle.
1,3 million de personnes à risque au Royaume-Uni
Jusqu'à 10% des adultes auraient un incidentalome surrénalien. De petites études antérieures ont déjà suggéré qu’un incidentalome surrénalien sur trois produisait un excès de cortisol, une situation appelée sécrétion autonome légère de cortisol (Mild autonomous cortisol secretion ou MACS).
Les résultats de cette nouvelle étude montrent que la MACS est en réalité beaucoup plus fréquente que ce qui avait été rapporté précédemment, puisqu’un patient sur 2 de l'étude avec un incidentalome surrénalien avait une MACS. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont mené une grande étude prospective multicentrique sur 1 305 patients atteints d'un incidentalome surrénalien afin d'évaluer leur risque d'hypertension artérielle et de diabète de type 2 ainsi que leur production de cortisol, en comparant les patients avec et sans MACS.
L'excès de cortisol a été défini par une évaluation clinique et le test de suppression de 1 mg de dexaméthasone pendant la nuit (cortisol sérique : <50 nmol/L, tumeur surrénalienne non fonctionnelle [NFAT] ; 50 à 138 nmol/L, MACS possible [MACS-1] ; >138 nmol/L et absence de caractéristiques cliniques typiques du syndrome de Cushing [CS], MACS définitif [MACS-2]).
Sur les 1305 participants, 49,7% avaient un NFAT (n = 649 ; 64,1% de femmes), 34,6% un MACS-1 (n = 451 ; 67,2% de femmes), 10,7% un MACS-2 (n = 140 ; 73,6% de femmes) et 5,0% un CS (n = 65 ; 86,2% de femmes).
Les données obtenues par les chercheurs montrent également que 70% des patients atteints de MACS sont des femmes, majoritairement ménopausées et âgées de plus de 50 ans. Suite à ces constatations, les chercheurs estiment maintenant que jusqu'à 1,3 million d'adultes au Royaume-Uni pourraient avoir une MACS. Si l'on considère qu'environ deux de ces patients sur trois sont des femmes, le MACS est potentiellement un facteur clé de la santé métabolique des femmes, en particulier chez les femmes après la ménopause.
Une augmentation du risque de maladie métabolique
Cette étude est aussi la première à entreprendre une analyse détaillée de la production d'hormones stéroïdes chez les patients en analysant le cortisol et d’autres hormones en pratiquant une spectrométrie de masse dans des échantillons d'urine. Les résultats, obtenus sur les patients atteints de MACS, sont sans appel : ils sont trois fois plus susceptibles de recevoir un diagnostic d'hypertension artérielle. Quant aux patients atteints de diabète de type 2 avec une MACS, ils sont aussi deux fois plus susceptibles d'être traités par insuline, ce qui indique que les autres médicaments n'ont pas permis de contrôler leur glycémie.
Pour le Dr Alessandro Prete, premier auteur de l’étude, ces résultats montrent que "le MACS est très fréquent et constitue une situation à risque importante pour l'hypertension artérielle et le diabète de type 2, en particulier chez les femmes âgées".
Selon lui, "l'impact de la MACS sur le risque d'hypertension artérielle et de diabète de type 2 a été sous-estimé jusqu'à présent". D’où l’importance pour tous les patients porteurs d'un incidentalome surrénalien de subir un test de dépistage de la MACS. Il est aussi important de mesurer régulièrement leur tension artérielle et leur taux de glucose.








