Pneumologie

Effets secondaires de l’immunothérapie, poursuite du traitement et corticoïdes : quelle conduite à tenir ?

Les effets secondaires de l'immunothérapie sont multiples et peuvent résister à la corticothérapie : quand faut-il avoir recours aux immunosuppresseurs ? quand faut-il interrompre l’immunothérapie ? faut-il poursuivre les corticoïdes ? D’après un entretien avec Nicolas GIRARD.

  • 18 Nov 2021
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    Une étude, dont les résultats sont parus dans le Journal of Thoracic Oncology, a fait le point sur es effets secondaires de l’immunothérapie dans la prise en charge des cancers, notamment des cancers bronchiques non à petites cellules et sur la conduite à retenir en fonction de ceux-ci.  Pour cela, 2750 patients atteints de cancers bronchiques et traités par immunothérapie, ont été inclus, entre 2011 et 2020. Certains sujets ont reçu des corticoïdes, d’autre des traitements immunosuppresseurs. Les principaux effets secondaires retrouvés étaient des hypothyroïdies auto-immunes, des colites inflammatoires ou des pneumopathies inflammatoires, ainsi que quelques cas d’hépatites auto-immunes.

    Quid des effets secondaires de l’immunothérapie

    Le professeur Nicolas GIRARD, pneumologue à l’Institut du Thorax Curie-Montsouris à Paris, rappelle que l’immunothérapie correspond à un ensemble de médicaments qui stimulent les défenses immunitaires chez des patients atteins de cancers solides. Ils stimulent un processus physiologique de reconnaissance des antigènes tumoraux par le système immunitaire du patient, en bloquant les « points de blocage » de la cellule cancéreuse. Cependant, ces protéines bloquées par l’immunothérapie sont utiles pour protéger l’organisme de son propre système immunitaire. Ceci explique donc les effets secondaires de l’immunothérapie qui correspondent à un réveil de maladies auto-immunes ou inflammatoires. Le plus fréquent des ces effets indésirables est la thyroïdite avec hypothyroïdie définitive induite par l’immunothérapie. Nicolas GIRRAD explique que l’on observe aussi fréquemment des colites et des pneumopathies inflammatoires, qui peuvent contre-indiquer la poursuite de l’immunothérapie. Il précise que 10 à 15% des patients développent ces effets indésirables et qu’ils sont tous traités par corticothérapie.

    Les corticoïdes en systématique, la poursuite de l’immunothérapie en question

    Nicolas GIRARD souligne que la corticothérapie ne diminue pas l’efficacité de l’immunothérapie et que le traitement par immunothérapie s’est montré plus efficace, plus longtemps, chez les patients ayant développé des effets secondaires. Il précise donc que la corticothérapie doit être systématique en cas d’effet secondaire. D’autre part, concernant la poursuite de l’immunothérapie, elle doit être faite en cas d’hypothyroïdie, celle-ci étant définitive. Elle est plus discutable en cas d’atteinte colique ou pulmonaire inflammatoire puisque 50% des patients ne développent pas d’autre effet indésirable en poursuivant le traitement, 25 % développent le même effet indésirable et 25 % un autre type d’effet secondaire. Nicolas GIRARD rappelle que l’on ne connait pas les éléments prédicteurs de la survenue des effets secondaires, qui permettraient d’anticiper leur caractère réversible ou non, leur sévérité et leur type.  La poursuite de l’immunothérapie dépend de la situation oncologique du patient et de sa toxicité, en sachant que l’immunothérapie est d’autant plus efficace que sa toxicité est sévère.

    En conclusion, en cas d’effets secondaires induits par l’immunothérapie, les corticoïdes doivent être instaurés de façon systématique car soit ils ne diminuent pas l’efficacité du traitement soit leur effet est contrebalancé par une meilleure efficacité de l’immunothérapie dès lors qu’elle induit des effets indésirables.

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    JDF