Santé publique
Choix du médecin : le critère de la confiance avant celui de la distance
Alors que les politiques de santé se basent souvent sur l’accessibilité géographique pour analyser l'accès aux soins, en réalité le choix des patients est guidé par bien d'autres critères.
- médecin/istock
L'accès aux soins constitue une préoccupation majeure des politiques en santé. La problématique est souvent étudiée sous l'angle de l'accessibilité géographique et les mesures politiques en découlent se basent sur cet axe. Mais est- ce un déterminant si primordial ? La Direction de la Recherche, des Etudes de l'Evaluation et des Statistiques (DREES) publie une étude qui analyse la place qu'occupe réellement la proximité géographique dans le choix des professionnels de santé par les patients et leur vécu de l'accès aux soins.
Les résultats montrent que ce critère n'est pas aussi central que l'on peut penser. Les chercheurs ont interrogé via des entretiens semi-directifs 25 patients de 50 à 65 ans non retraités vivant dans des territoires urbains et ayant une accessibilité aux médecins généralistes légèrement en dessous de la moyenne nationale.
Médecin de famille : la proximité relationnelle devant la proximité géographique
Pour choisir son médecin traitant, la proximité est initialement une méthode de sélection. Souvent le choix d'un réel « médecin de famille » s'effectue lors de l'établissement du projet de vie (mariage, enfants), les critères de choix sont mal définis et souvent il est choisi simplement « au plus proche ».
Mais dans la durée, cette variable est largement relativisée. La proximité relationnelle prend alors le pas sur la proximité géographique. Les chercheurs observent « une fidélité assez forte au médecin généraliste […] en lien avec la place singulière qu'il occupe dans l'éventail des professions de santé ». Ainsi même en cas de déménagement, les patients interrogés restent souvent fidèles à leur médecin s'ils ont confiance en lui et inversement, en cas de difficultés relationnelles, ils en changent quitte à devoir consulter plus loin de leur domicile.
Spécialistes : des critères de choix qui dépendent de la spécialité
Pour le choix d'un médecin spécialiste de premier recours (ophtalmologue, gynécologue...), la logique est différente et la zone de recours est plus large et d'autres critères comme le délai de consultation entrent en jeu dans le choix.
Enfin pour les médecins spécialistes de deuxième recours (chirurgien par exemple), le territoire de recours potentiel est bien plus élargi et les patients interrogés cherchent avant tout la meilleure qualité de soins possible en se basant sur des recommandations de proches, de son médecin traitant ou de la réputation du médecin concerné.
La médecine au-delà du simple service de proximité
Les chercheurs constatent donc que « la place de la distance géographique dans les pratiques de recours aux soins mérite d'être nuancée ». Elle peut jouer un rôle initial mais bien d'autres critères entrent en jeu sur la durée.
Cela démontre ainsi, si besoin en était, que la médecine n'est pas consommée comme un simple service de proximité auquel il serait simplement demandé d'être à proche du domicile. La dimension humaine et la confiance restent en fait des critères primordiaux dans le choix des médecins par leurs patients








